L'idée de départ est excellente : comprendre les tensions qui poussent un adolescent à continuer de sucer son pouce, et voir comment sa vie évolue s'il arrête cette obsession. Le roman Pouce de Walter Kirn a su être adapté avec brio, surtout avec le titre français qui s'est amusé à en faire un acronyme révélateur (Age Difficile Obscur : ADO), les acteurs sont tous très bons, et l'on note de petits rôles sympathiques distribués à Tilda Swinton ou Keanu Reeves. Alors, ce qui ne va pas avec Age Difficile Obscur ? Son rythme. Les vingt premières minutes se tiennent avec tout l'intérêt que l'on est capable d'avoir, mais au-delà, c'est l'ennui ferme. Que de dialogues, de répétitions de situations, de conflits, et encore de dialogues... Le concours d'orateur éveille de temps en temps notre attention, avant que le film ne replonge tête baissée dans ses palabres interminables. On ne peut pas non plus se raccrocher au décor pour éviter d'écouter, car ce ne sont que des banlieues en ruine qui ne font pas fantasmer, et la fin arrive poussivement, que l'on ne sait plus très bien de quoi parlaient les trente dernières minutes... La révélation de fin sur la succion du pouce (
que cela est moins un toc qu'un refus populaire de la société moderne
) n'était pas non plus à tomber par terre, et le spectateur qui a deux ou trois notions de sociologie ou même de logique connaissait la réponse dès le début. Un début accrocheur, qui s'essouffle très rapidement.