"Age is...", de Stephen Dwoskin : éloge du vivant.
"Age is...". Le beau titre dit à quel point il est question, dans ce dernier film de Stephen Dwoskin, d'ouverture, représentée par les points de suspension. Suspens non seulement lié à la volonté de n'apporter aucune définition, aucune forme de clôture à ce qui se déroule sous nos yeux. C'est, sur un plan plus esthétique, le désir du réalisateur de ne s'enfermer dans aucun processus narratif qui viserait à embarquer ses personnages d'un point à un autre, bref, dans une continuité. Il s'agit moins de montrer des personnes âgés dans leur "fin de vie" - ce qui serait encore une manière de dramatiser l'acheminement vers la mort, comme le ferait une Naomi Kawase avec sa grand-mère adoptive - que de saisir des instants de vie. Ici, bien des activités sont dépeintes (se maquiller, peindre, marcher), et le but de Dwoskin, en se débarrassant de tout récit, est bien de faire l'éloge de l'instant. "Age is..." est une sorte de haiku dilaté, où les fragments lents qui sont exposés ne visent pas à autre chose qu'à saisir l'éternité d'un instant. Le miroir qui est tendu à toutes ces personnes n'est pas pour contempler la mort, mais bien de s'inscrire encore et toujours dans un flux vivant et vibrant. Tout juste Dwoskin opère-t-il un contrechamp temporel avec l'enfance : c'est alors qu'il s'attarde quelque peu dans une séquence en noir et blanc sur un bébé. Contrepoint qui vise avant tout à effacer toute notion de dépérissement, en accentuant la palpitation qu'est toute vie. Beau film.