Un Powell quelque peu décevant, c'est chose extraordinaire. Si l'histoire ne me bouleverse pas, au moins l'esthétique, la recherche formelle du cinéaste ont souvent permis au final d'emporter la mise, ici... même pas. Les superbes vues de la barrière de corail n'y changent rien. Je ne retiendrais qu'un superbe plan séquence de nuit avec Helen Mirren péchant le homard au flambeau, près de l'embarcadère de Mason : un coucher de soleil érotique chargé d'un romantisme fugace autant que magique.

Pour le reste, l'interprétation de Mirren ne fait d'étincelle. Elle fait le boulot. Elle est jeune, fraîche, une fraîcheur qu'on lit dans ses yeux... et dans ses seins quand Mason lui demande avec désinvolture de poser topless sur la plage.
Mason en vieux baroudeur, dépassé par son art, dépourvu de jus, d'envie, d'amour s'en va trouver une égérie et peut-être plus que cela sur cette plage pas si abandonnée. Et pour le coup, le gaillard tient bien son personnage.

Ce qui me chagrine c'est essentiellement le rôle comique attribué qui m'a paru enlever peut-être pas tout mais une bonne partie du charme discret et délicat du film. Il vient un peu comme un cheveu sur la soupe. Effectivement pour donner du piment, pour tourmenter la relation étrange mi-artistique, mi-idyllique entre les deux personnages principaux, mais il me semble que l'on prête beaucoup trop d'attention à ce personnage. Et le climax (dans tous les sens du terme en l'occurrence) entre la voisine et cet uluberlu parasite touche presque au burlesque et pèse un peu.

Bon, il est vrai que je chipote mais c'est en adorateur powellien. J'aurais voulu découvrir un autre Colonel Blimp, un autre Je sais où je vais... Misère, que l'absence de Pressburger se fait cruellement sentir! Pire misère, que celle de Powell le fait tout autant!

Malgré cela je suppose qu'une relecture ne se ferait pas dans la douleur. J'ai trouvé le film pas mauvais non plus. La relation entre Mirren et Mason, pleine de troubles, d'émois zigounettoires, mais aussi d'ambiguité entre posture artistique, ambition créatrice et élan du coeur et du corps, ce chambardement est bel et bien troussé par la caméra et le montage savamment élégant. Le film est bon malgré tout. C'est juste que ce n'est pas aussi bon qu'à l'habitude. Tsss, les habitudes contrariées, ça fait de ces ravages!
Alligator
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le 23 janv. 2013

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Alligator

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