Dans la série "on n'a pas d'inspiration, alors on va adapter une vieille série", je vous présente : Agents très spéciaux. La série date de 1964 avec Robert Vaughn et David McCallum, que vous pouvez actuellement voir dans NCIS, enfin si vous aimez les shows ne faisant pas de nœuds au cerveau. 51 ans plus tard, Guy Ritchie pond une version plutôt sympathique, grâce à un casting réussi et un humour "so british" salvateur en l'absence d'une intrigue passionnante.
Dans les années 60, en pleine guerre froide, Napoleon Solo (Henry Cavill) de la CIA et Illya Kuryakin (Armie Hammer) du KGB vont devoir faire équipe pour sauver le monde, en utilisant la fille d'un scientifique disparu Gaby Teller (Alicia Vikander), pour infiltrer l'organisation criminelle.
Le film d'espionnage se porte bien cette année, après le réussi Mission Impossible : Rogue Nation et le formidable Kingsman en début d'année, on se retrouve avec Agents très spéciaux. C'est le moins intéressant des trois, mais cela reste un divertissement de bonne facture.
Son côté vintage est agréable, grâce à une belle photographie et une lumière un brin désuète. La scène d'ouverture est un aperçu des points forts et faibles du film. Le point fort, ce sont le charme et la classe de ce trio d'acteurs impeccable. Henry Cavill fait preuve d'un étonnant flegme anglais, avec un humour pince sans rire savoureux. On pense à Don Draper et James Bond, un mélange des plus séduisants. Armie Hammer surprend aussi en faisant oublier son interprétation peu convaincante du Lone Ranger, en alliant le charme et la violence d'un personnage énigmatique. Enfin, Alicia Vikander est de nouveau sublime, comme dans Ex Machina, mais comme ses deux camarades, elle n'utilise pas seulement son physique, en faisant preuve d'un humour et d'une fragilité des plus remarquable.
Guy Ritchie s'appuie sur son trio d'acteurs, laissant de côté une intrigue mettant du temps à se mettre en place. C'est à l'image du film, un peu poussif au début avec une course poursuite, mal mise en scène, comme souvent avec ce réalisateur, plus à l'aise dans un espace clos, qu'en liberté en pleine nature. Mais il va surprendre en faisant preuve de sobriété, en évitant de s'éparpiller, en enchaînant les plans cadrés dans tout les sens avec un rythme frénétique, ce qui devient très vite pénible. Il se la joue même Sergio Leone, avec des plans serrés et en gros plan sur les regards, avec en fond la musique de Daniel Pemberton, fortement inspirée par celle de Ennio Morricone et comme une grande partie de l'action se déroule en Italie, impossible de ne pas faire le lien avec ces deux maestros.
L'humour du film est indéniablement son point fort avec l'interprétation. La relation entre Napoleon Solo et Illya Kuryakin fonctionne merveilleusement bien. Ils se détestent et s'apprécient, tout en se complétant, le duo est parfait. Deux scènes sortent du lot : la poursuite dans le bassin et celle de la torture. C'est décalé, aussi bien musicalement, que dans les dialogues. On se régale, comme devant le jeu de séduction entre Illya Kuryakin et Gaby Teller. Les seconds rôles sont impeccables, avec Jared Harris (Mad Men), Hugh Grant, Sylvester Groth où Elizabeth Debicki, délicieusement machiavélique.
Mais le point faible, reste le scénario. Il met du temps à être cohérent et manque d'originalité, avec son intrigue vu et revue. Même si Guy Ritchie est dans la retenue, il cède parfois à ces vieux démons. Certes, c'est sa marque de fabrique et pas tout le monde adhère à son style. On y va en connaissance de cause, parfois ça passe mais souvent, ça casse. Il passe mieux dans ce film, mais on a le sentiment qu'il pouvait mieux faire et c'est un peu frustrant, tant on s'amuse après un démarrage en douceur.
C'est un divertissement plutôt réussi. On se détend devant les aventures de ces agents très spéciaux. Du rire, de la séduction et de l'action, un cocktail presque savoureux.