Connu grâce à la saga Sherlock Holmes avec Robert Downey Jr. et Jude Law, Guy Ritchie change d’époque mais pas de style, ni même de scénario. J'avoue ne pas connaître la série télévisée dont il s’inspire ici, mais il faut bien reconnaître que le canevas est très similaire à Sherlock Holmes : deux protagonistes qui ont du mal à se supporter, mais qui doivent se battre ensemble pour déjouer une menace mondiale. Heureusement, l’arrivée d’un troisième camp, à travers la personne de Hugh Grant (dont on regrette qu’il n’apparaisse pas plus dans le film), met un peu de piment dans un scénario qui reste tout de même assez basique.
Années 60 obligent, la mise en scène adoptée par Ritchie se réfère sans cesse à ce style révolu, mais non dénué de charme. L’utilisation du split screen se fait ici de manière assez fluide et pas toujours désagréable. En revanche, notamment lors de la scène de poursuite dans l’île, on voit ressurgir les montages saccadés que le réalisateur affectionne un peu trop. Mais, si elle se remarque parfois trop, la mise en scène n’empêche pas au spectateur de suivre le film avec un certain plaisir, renforcé par un humour, certes un peu facile, mais qui allège le film.
Le principal reproche qu’on peut adresser à Ritchie réside surtout dans le fait de nous cacher des détails très importants alors même qu’il nous montre la scène dans laquelle ceux-ci sont exposés, en ne nous révélant que certaines phrases, qu’on ne pourra comprendre que lorsque la scène complète nous sera révélée plus tard, procédé qui, ici, frise la malhonnêteté vis-à-vis du spectateur. En attendant, celui-ci pourra tout de même trouver son compte dans ce film, d’abord par le biais d’une musique à l’ambiance sixties très sympathique, et surtout par le charme des paysages italiens et des monuments romains, qui ne peuvent laisser personne de marbre… Du point de vue des acteurs, on remerciera particulièrement la belle Alicia Vikander d’illuminer le film, parce qu’Henry Cavill, malgré sa classe, est souvent insupportable, sans doute à cause de son rôle d’Américain prétentieux (en tous cas, on l’espère), et contraste avec un Armie Hammer assez convaincant en espion russe qui peine à contrôler ses nerfs. Bref, pas de quoi faire un chef-d’œuvre, mais ça reste un film sympathique qui se laisse regarder volontiers, quoiqu’il reste très superficiel.