Marchands de Foi

Avec Tesis et Ouvre les Yeux, j'avais vu en Amenábar un réalisateur aussi gourmand que bourin. J'ai jamais vu Les Autres ( et je m'en fous, je connais la fin ) mais Mar Adentro montrait une capacité à la subtilité et à la retenue que je ne lui soupçonnais pas. De plus ses accès de bourinisme étaient bien employés ( la somptueuse scène où il se lève pour s'envoler par la fenêtre... )
Alors j'entre dans la salle pour voir Agora, serein et confiant.

Et c'est justement le sujet du film. La sérénité et la foi... Leur présence ou leur absence déchainant les passions, Amenabar dresse plusieurs portraits de fin de IVe siècle après Jésus-Christ. Jésus Christ qui fait de plus en plus d'adeptes en cette cité d'Alexandrie où la belle Rachel Weisz enseigne l'astrophysique à ses disciples de tous poils. Elle-même est dans le doute permanent, et cherche à expliquer le modèle du monde, quand ceux qui ne doutent de rien s'écharpent la tronche allègrement dans les rues et jusqu'aux portes de la célèbre bibliothèque au nom de leur foi religieuse.

Au final, le film n'est pas si agréable à consommer parce qu'il dit, et en cela il n'a pas tort, que quel que soit l'état de la terre ( ronde, plate, polythéisme ou monothéisme, géocentrisme ou héliocentrisme, etc... ) l'homme n'a que trois aspirations : boire, baiser et péter la gueule à son prochain ! Un constat aussi terrible que véridique, filmé dans un scope magnifique et des plans aériens de la foule en colère...

Si le propos rend malheureux, la forme est très appréciable. Le film est bien raconté et capte l'intérêt tout du long, quand bien même la deuxième partie est une suite ininterrompue de scènes de dialogues au cours desquelles Rachel Weisz cherche et trouve des solutions pour expliquer le monde, pendant que les hommes veulent le dominer sans plus attendre. Un propos un rien manichéen, mais enlevé par un casting irréprochable et une photo chatoyante.