Outre le fait que Agra ne laissera personne indifférent, il est prévisible que les réactions à son encontre iront du "waouh" au WTF, les deux pouvant d'ailleurs cohabiter. Le film commence avec des visions grotesques et se poursuit dans le chaos indescriptible d'une maisonnée où cohabitent un père,sa femme, sa maîtresse et son fils. Mais c'est la frustration sexuelle XXL de son "héros" (le plus jeune) qui prédomine dans une première heure qui frôle l'hystérie, avec pour seule comparaison possible, mais lointaine, l'Affreux, sales et méchants de Scola. La deuxième heure, en comparaison, est heureusement bien plus calme, et pose avec une certaine acuité le problème du logement et du manque d'espace individuel dans les grandes villes indiennes. Le genre du sujet assez commun dans la littérature indienne mais qui, dans Agra, se retrouve au cœur d'un conflit où les différents protagonistes se disent leur quatre vérités dans un langage qui n'a rien de fleuri. Cela et d'autres scènes assez crues ont de quoi choquer mais le plus grave, en définitive, est l'impression que certaines scènes manquent, notamment dans sa dernière ligne droite, pour que le spectateur, pas nécessairement remis des premières minutes du film, comprenne tous les tenants et les aboutissants d'une histoire brutale et salée. En file indienne, il apparait que le réalisateur, Kanu Behl, a voulu énumérer quelques uns des maux endémiques du sous-continent, avec le plus grand réalisme. D'une certaine manière, c'est réussi, au-delà de ses espérances.