Aguirre, la colère de Dieu est une métaphore de la vie humaine. Cette troupe de conquistadors avec ses esclaves indiens est un microcosme de l’humanité. Il suffit de quelques personnes et l'on retrouve les questions de pouvoir, d’argent, de religion. Cette histoire est marquée à la fois par la violence et par la lenteur de l’action. Tandis que les radeaux voguent vers l’Eldorado convoité, l'équipage joue la comédie humaine qui se joue partout où il y a des êtres humains. Mais le contexte fait ressortir avec éclat l’absurdité de cette comédie ! Elle se déroule pour l’essentiel sur des radeaux qui descendent lentement les flots de l’Amazone avec à perte de vue de l’eau et la jungle amazonienne.
Plusieurs scènes viennent rompre la monotonie de cette dérive sur les eaux. Je retiens :
- celle des deux indigènes qui viennent en pirogue à la rencontre de cet étrange équipage : un homme et une femme. Le contraste est fort dès le premier contact entre leur douceur et la brutalité des conquistadors qui les attrapent sans ménagement pour les faire monter sur le radeau et qui les questionnent avec rudesse tandis qu’ils s’expriment paisiblement.
- la séquence avec les singes qui soulignent plus que n’importe quelle autre la folie de cette entreprise et la folie qui habite le cœur de ceux qui courent après l’or rêvé ! Des singes ou d’Aguirre qui va et vient sur le radeau, on ne sait qui est le plus raisonnable !
Aguirre, la colère de Dieu a été tourné dans des conditions extrêmes et marque la première collaboration entre Werner Herzog et Klaus Kinski, une relation houleuse et mythique. Kinski n’a sûrement pas eu besoin de beaucoup se forcer pour rendre la folie de son personnage… Ses yeux hagards, son visage fermé sont glaçants. Ce contexte rend crédible le film car ce que l’on voit est proche de la réalité : le danger qui menace l’équipage et la folie du personnage. Cela donne une grande force à l’histoire.