Film au tournage particulièrement difficile puisque aux tourments de la jungle s'ajoutèrent les tensions entre Kinski et Herzog (difficultés qui indiscutablement alimentent le film - s'il est un film dont on peut dire qu'il est le récit de son tournage, c'est bien celui-ci !), "Aguirre" s'attaque au décalage destructeur entre réalité (le monde, dur et mortel) et fiction (le rêve fou de défier les lois de la nature), à la volonté de puissance qui conduit l’individu à sa perte : Aguirre va au-delà du religieux pour conquérir le pouvoir absolu, il est la réminiscence (ou l'annonciation ?) du rêve aryen qui porte sa chute programmée en lui. Mais si le talent d'Herzog est indéniable (il faut voir la manière dont il filme la jungle, discrète et complexe), "Aguirre" restera le film de Kinski, inquiétant, conquérant, écorché vif,... Inégalable ! [Critique écrite en 1981]