Ahlan wa Sahlan ! ("Bienvenue !" en arabe). Bienvenue à Palmyre, célèbre pour ses vestiges archéologiques du royaume nabatéen. Un mystérieux dédale géométrique semble léviter au-dessus du sable, avec ses dizaines de colonnes encore dressées dans le désert syrien. Au propre comme au figuré, Lucas Vernier y cherche les traces du dromadaire de son grand-père. Bernard Vernier commanda un groupe de méharistes de 1928 à 1931 à l'époque du mandat français en Syrie. Surnommé "Abouna" ("notre père" en arabe), cet officier peu ordinaire a pris de nombreuses photos, publié "Qédar, carnets d'un méhariste syrien" en 1938. Lucas Vernier ne l'a pas connu, mais sa riche documentation lui donne l'idée de rencontrer les familles des amis de son grand-père.
Sa recherche débute par un tournage en Syrie entre 2009 et 2011. En s'appuyant sur "Qédar", il essaye d'identifier les lieux et les personnes, de mieux comprendre les photographies. Il visite Damas, Alep, Hama, mais son enquête ne progresse qu'à Palmyre. Dans ses rues des passants se passionnent pour ces photos si anciennes, documents de leur histoire. Lucas Vernier parcourt la steppe, rencontre des Bédouins aux keffiehs rouges et blancs, boit du thé sous leurs tentes. Il se fait des amis, notamment parmi les descendants des compagnons de Bernard Vernier. Voir débarquer un jeune Français avec des photos de leur père méhariste est une expérience humaine extraordinaire.
En mars 2011 surgit la révolution. Fin avril, Lucas regagne la France plein d'espoirs, prévoit de revenir trois mois plus tard. La violente répression de Bachar el-Assad l'en empêche. Des connaissances syriennes meurent, d'autres fuient Palmyre, en Syrie d'abord, puis à l'étranger... Les années passent. En 2019, Lucas décide de filmer à nouveau pour le documentaire prévu. Il mélangera ses nouvelles images avec les films tournés avant les destructions de la guerre civile. Il retrouve avec émotion huit ans plus tard certains survivants exilés. A Londres, un ami s'est marié avec une Anglaise. A Istanbul, il compare avec le photographe de Palmyre les photos de sa boutique et de la rue. Tout a été détruit par la guerre. Lucas leur montre des fragments de leur vie d'avant la catastrophe. Ils ont maintenant valeur d'archives. A peine deux couches humaines du mille-feuilles historique qu'est Palmyre.