Après Un fils, Mehdi M. Barsaoui poursuit son exploration de la Tunisie contemporaine avec Aïcha, toujours sous la forme d'un suspense, que l'on peut qualifier de haletant, sans exagération aucune. Son héroïne se prénomme Aya, mais c'est au début du film et les situations vont s'enchaîner autour de la susdite, une sorte d'engrenage aux allures de maelström, très liée à la corruption et à la manipulation des citoyens qui continuent sans relâche, comme si la Révolution n'avait été qu'un intermède trompeur pour de faux espoirs d'amélioration de la société. Certes, Aïcha est d'abord un thriller qui ne relâche jamais son étreinte mais le film ne fait aucune concession sur le fonctionnement de la justice et de la police et sur la place occupée par une minorité de privilégiés, qui peuvent tout se permettre sans craindre un retour de bâton. Intelligemment, le récit quitte parfois, pour un temps seulement, sa principale protagoniste pour découvrir d'autres personnages qui sont loin d'être totalement secondaires. Le film sortira t-il en Tunisie sans censure, cela paraît peu probable, eu égard à la férocité du propos social. Mais les Tunisiens y auront accès, de toutes manières, et c'est tant mieux. Ils pourront d'ailleurs y admirer une performance d'actrice en tout point exceptionnel, celle de Fatma Sfar dont il s'agit, sauf erreur, seulement de son deuxième long-métrage. A Sfar is born ?