Y a t-il cinéma plus existentialiste que celui d'outre-Quiévrain, qui n'hésite pas à y inclure un puissant sens de l'absurde, sans oublier une pincée de surréalisme ? Ainsi se présente Ailleurs si j'y suis, le deuxième long-métrage de François Pirot, dix ans après Mobil Home et une activité de coscénariste auprès de Jochim Lafosse (Elève libre, Nue propriété). Mais où est donc ailleurs, pour le personnage principal du film, si ce n'est au cœur d'une forêt aux vertus magiques et apaisantes, qui l'éloignent de son stress. Mais ce héros fatigué n'est pas le seul à se remettre en question, c'est même l'intégralité de son entourage qui est soumis à d'improbables turbulences : épouse, voisin, père, patron ... L'humour belge est impayable et élégant quand il se joue de nos angoisses et de nos privilèges et Ailleurs si j'y suis réussit avec brio à nous conter plusieurs vies parallèles, sans perdre son ton ironique et néanmoins poétique. Des existences entremêlées marquées par la confusion du temps présent et de la définition d'une émancipation impossible, hors des normes imposées par la société. Le casting du film est royal, une internationale francophone de grands acteurs : Jérémie Renier (impeccable), Suzanne Clément (irrésistible), Samir Guesmi (hilarant), Jean-Luc Bideau (incroyable) et Jackie Berroyer (remarquable). Un quintet de comédiens que l'on suit les yeux fermés dans des aventures qui les sortent d'eux-mêmes et de leur quotidien, et nous soulèvent de la même façon.