Manuel pour se faire élire pour un deuxième mandat en tant que président
Ha j'aime bien quand on demande à des réalisateurs allemands de faire un film patriotique américain. Ils y vont toujours tellement fort que c'est à se demander s'ils ne se fouteraient pas carrément de la gueule des Yankees! Mais faut bien avouer que Wolfgang Peterson a fait beaucoup plus fort que Roland Emerich en mettant en scène le président lui-même dans un film d'action. Le seule crainte que j'avais sur le film, soit que la mise en scène patauge autant que le scénario. Finalement rien de tout cela : Air Force One est probablement ce qu'aurait dû être Die Hard 2, soit un très bon film d'action.
Quand on va voir un film, il faut accepter une part de surréalisme. Il existe des films de monstres, de requins géants, de vampires, de zombies... alors pourquoi pas un président qui négocie avec une mitraillette et des couilles de mammouth!? Le film suit donc sa logique du film d'action et c'est plutôt bien rythmé, alternant scènes de combat et scènes d'infiltrations plus calmes, parfois des petites scènes de blabla au pentagone ou dans une chambre de l'AF1, histoire de laisser respirer un peu le spectateur. Evidemment il n'y a aucune surprise, mais ça tire plutôt bien. Et puis, dans les années 90, on n'en faisait pas encore trop dans la surenchère. Par exemple si l'on devait filmer aujourd'hui l'avion qui se pose en catastrophe comme au début du film, il y aurait fort à parier que le réalisateur serait tenté, grâce aux effets CGI, de mettre plus d'explosion (une aile qui arrache un bâtiment par exemple). Ici ça va, tout n'est pas trop fou. Sauf peut être la fin qui est trop longue et qui enchaîne trop de conflits de dernière minute (les MIG sont en trop).
Vraiment, j'ai beaucoup aimé cette façon de représenter le culte de la présidence ; durant ce film des tas de gens meurent on ne s'en inquiète jamais vraiment (pas plus d'une minute en tous cas), des gens se sacrifient même de façon très inattendue, et pourtant, la seule personne pour qui il faut avoir peur, c'est le président (et à la limite sa famille). Au fond, Wolfgang épingle le gros problème des américains : l'hypocrisie. Sous ce patriotisme apparant se cache en réalité une perte de repères idéologiques, où l'on ne sait plus ce qui importe : l'emblême ou le porteur d'emblême. Ce n'est plus du patriotisme, c'est du star system ! Si le plan du président avait échoué (mais avait-il seulement un plan? Un seul plan a été émis de tout le film , c'était au début, et c'était par le ministre de la défense qui n'a finalement, on ne sait pourquoi, jamais appliqué ce plan!), l'Amérique aurait perdu et l'ennemi Russe aurait triomphé de la démocratie. Mais bon tout cela n'est que divigation malsaine. Air Force One est un film bourrin bien fun.
La mise en scène est assez efficace. Wolfgang sait utiliser sa caméra et découpe très bien ses scènes. Ainsi, la notion d'espace n'est jamais vraiment floue (à part une fois où le personnage semble s'enfuir par un monte charge qui n'est jamais montré). Les acteurs sont assez bons, j'aime bien le petit sourire en coin de Ford. La musique fonctionne très bien, très démonstrative ce qui colle parfaitement avec le sujet. Si les effets spéciaux sont réussis lors du sauvetage de la famille à la fin, le crash final est très très mal fait... on dirait presque une simulation du JT.
Bref, Air Force One propose un bon moment de divertissement où action rime avec efficacité. C'est très con, mais c'est très fun!
