"Ajami" est l'occasion de découvrir ce quartier de la ville de Jaffa. Un quartier à l'image de ses habitants et des personnages du film. Un quartier multiculturel où les religions se croisent, se tolèrent ou s'affrontent. C'est dans cet endroit que vivent Nasri et Omar, deux frères qu'un destin tragique semble unir dès les premières minutes du film. Deux frères entourés de multiples personnages sobrement mais puissamment joués par des acteurs dont on ne sait rien. On accroche d'abord et l'on est dérouté par certains aspects du scénario déconstruit que l'on ne s'attendait pas à voir dans ce film qui s'applique à rester proche de la réalité. Mais finalement, cette déconstruction altère petit à petit nos certitudes. Les événements s'expliquent, changent et tout se met en ordre.
Scandar Copti et Yaron Shani nous bluffent. Sans dénonciations ni partis-pris, sans esbroufe, sans forcer la situation politique, il n'y a pas de rebelles dans "ajami", pas de héros, il y a des hommes, des femmes, des actes et des conséquences. Un film puissant et terre à terre, d'une sobriété féroce.