Dalibert nous sert du cinéma reaganien durant 1h45 avec le culot et la prétention de se prendre pour Henri Verneuil le dernier le quart d’heure. « AKA » est tellement symptomatique du désastre qu’est le cinéma genre en France qu’il en deviendrait presque un cas d’école. Des gros bras entre les mains d’un pétochard qui n’assume pas sa cinéphilie.
Pour commencer, le scénario n’a aucun sens. Jamais les services secrets français vont ramener sur le territoire national un étranger pour l’abattre, la France a largement les moyens de jouer le match à l’extérieur (déjà fais un tas de fois.). Pourquoi la cible n’envoie pas les documents compromettants à la presse afin de se mettre en sécurité ? Pourquoi le barbouze des services secrets parle d’un risque d’attentat à son bras droit alors qu’ils sont censés savoir que la cible n’est pas là pour commettre un attentat (dis explicitement à la fin), mais les mettre dans la merde en dévoilant leur ancienne alliance à la presse.
En réalité, ces incohérences (parmi tant d’autres) ne peuvent s’expliquer que d’une seule manière : le scénario de base était simplement la traque d’un terroriste menaçant de commettre un attentat, c’est la seule façon pour rendre le déroulement des situations crédible. Visiblement, l’écriture de cette histoire a plus d’une dizaine d’années, Dalibert n’a pas voulu assumer un film de traque de terroriste avec les codes du cinéma de genre reaganien.
Ce qui donne un film scénaristiquement aux fraises, réalisé par un cinéaste qui n’assume pas ses références. Film de gros bras transpirant la trouille et la prétention. La Cannon avait conscience du ridicule de « Portés Disparus », même dans la volonté propagandiste affichée. « AKA », après 1h45 de gros bras et de n’importe quoi, les violons débarquent avec des grosses larmes de crocodile et un discours moralisateur sur le sud-soudan dans les années 80 (???). Aberrant. Verneuil, qui fut certainement à l’œuvre des meilleurs thrillers politiques français ( Le Corps de mon ennemi - Mille milliards de dollars – I comme… Icare), fut aussi l’instigateur du chef d’œuvre « Peur sur la ville », qui n’est pas loin d’être un « Dirty Harry » à la Française, Belmondo y incarnant un flic clairement corrompu, aux méthodes expéditives, sa hiérarchie est montrée comme technocratique et laxiste. Le genre est assumé. (c’est encore plus clair dans « le marginal »).
« AKA », c’est politiquement débile, scénaristiquement débile et mal écrit. La mise en scène est correcte, les scènes d’action ne pas sont terrible. Next.