Je vais sans doute taper ces quelques mots sans aucun recul, bien que j'aie vu le film il y a quelques jours déjà. J'ai longuement hésité à me lancer mais je ne peux m'empêcher de garder mon avis plus longtemps. Premièrement, ce qui m'a animé à visionner ce petit chef d'oeuvre n'avait rien d'extraordinaire. Une affiche attrayante, un synopsis pas trop mal foutu mais que j'avais sous estimé. Dans ma tête, l'histoire allait principalement se focaliser sur le cancer de la petite, nous allions être embarqué dans un tourbillon d'empathie, de peine, de mal de ventre et, bien sûr, de larmes de crocodiles. Quelle ne fût pas ma surprise quand j'ai remarqué que le noyau de l'intrigue n'était pas tout à fait là. Enfin, bien entendu, sans cet événement, tout le reste ne se serait pas produit, mais on ne va pas se cacher que c'est quand même globalement axé sur l'histoire d'amour de Didier et Elise !
Deuxièmement, ma crainte du cinéma belge était présente. On est pas totalement noob en la matière dans ce pays mais j'ai rarement réussi à apprécier, avec toutes mes tripes, un film belge (shame on me).
"Encore une histoire d'amour" me direz-vous. Oui. Comme il en existe 454054355686, sous tous les angles possibles et imaginables. Mais rares sont ceux qui me parlent autant. Rares sont ceux qui mettent si bien en lumière les vrais problèmes de couple, l'amour si proche de la haine et la dégradation quasiment inévitable de toute relation fusionnelle. A première vue deux personnes que tout sépare et pourtant tellement faites pour être ensemble. J'ai passé 1h40 à pleurer sur 1h47. Même si je n'ai pas de petite fille malade et encore moins un mari hippie terre à terre, je me suis reconnue en chacun d'eux. J'y ai reconnu des douleurs passées ou encore actuelles. Des cicatrices mal refermées, des histoires compliquées, des questions existentielles. Aussi et surtout, l'incapacité (ou la capacité, pour Didier) à faire face à certains drames de la vie. Les nerfs qui lâchent, un être qui se brise et que rien ne peut réparer. La fatalité.
Je me suis également laissée séduire par les prises de vue, parfois à couper le souffle. Les jeux de lumière alors qu'on tourne dans un décor belge et donc à priori bien naze et tout gris ! Certains plans sont pour moi des tableaux à eux seuls (oui oui, la photographe en moi qui parle). Sans oublier les quelques scènes charnelles qui ont provoqué ce que j'aime tant quand on décide de mettre en scène un acte d'amour : le bas du ventre qui se serre, le souffle qui se coupe et la tête qui dit "waouw...".
Bref, que l'on aime ou non les amours torturés, je pense qu'il est impératif de voir ce film, ne serait-ce que pour la maîtrise technique et artistique. Et puis... C'est du BELGE quoi !