Thomas Bishop s'évade après 15 ans enfermé sous les barreaux. Persuadé d'être le fils du tueur et violeur Caryl Chessman, il nous emporte dans une épopée meurtrière dont l'auteur nous décrit froidement les détails.
Ecrit en 1979 mais toujours d'actualité
En dehors de l'histoire en elle-même sur laquelle je m'étendrai plus tard, je dois avouer que même si cette fiction a été rédigée en 1979 sur base de faits réels, elle reste très moderne et pourrait s'appliquer aujourd'hui. Evidemment, la science a évolué depuis et certains détails de l'enquête n'auraient plus lieu d'être mais tout de même.
L'écriture est intéressante à savoir que chaque chapitre se relie à la fin du récit, une toile se forme petit à petit pour nous révéler le dénouement à mon sens trop peu concret.
Le vocabulaire est vraiment riche et je dois avouer que cela manque parfois dans les livres du actuels. Cela est probablement du au fait que l'auteur reste relativement froid, sa plume est quasiment journalistique, voire clinique. Mais j'aime pouvoir lire et me surprendre à m'interroger sur la signification de tel ou tel mot, d'une expression que je ne connais pas... A expliquer aussi par son époque, j'imagine.
L'auteur, Shane Stevens et encensé, entre autre, par Stephen King et j'avoue que c'est cette recommandation qui m'a poussée à acheter le livre. Pourtant, je dois vous avouer quelque chose... Je ne suis absolument pas fan de Stephen King et je n'ai lu que très peu de ses réalisations. Si les intrigues me parlent, sa plume ne m'atteint pas. Je n'accroche pas au style mais je reconnais le génie ! Alors peut-être que le fait que je n'ai pas spécialement accroché à ce bouquin-ci trouve son explication dans ce détail.
Roman ou compte rendu ?
Comme mentionné précédemment, l'écriture est quasi journalistique et rend compte de beaucoup de faits. L'intrigue est trop axée sur l'enquête et pas assez sur le meurtrier. On passe d'un point de vue à l'autre, d'un personnage à l'autre, car il y en a beaucoup et il m'est arrivé de perdre le fil et de ne pas toujours comprendre l'intérêt de s'attarder autant sur un personnage ou une situation. Il y a des scènes qui tirent en longueur et bon nombres de répétitions (par exemple, quand l'auteur précise toutes les 20 pages que le tueur va forcément récidiver).
500 pages oui, mais à quel prix ? Ne peut-on pas être très efficace et précis sans décrire chaque élément de pensée, de décor, etc ?
Personnages peu profonds
Bien que Stevens joue habilement avec son lecteur, lui faisant ressentir à la fois haine et compassion, le personnage principal n'est pas assez exploité. Sa psychologie l'est, le meurtrier, la folie, les obsessions (bien qu'on ne les comprenne pas toujours toutes) sont bien (trop) présents mais au fond, qui est-il ? Même son image est floue dans notre esprit, je n'ai pas pu l'identifier, lui mettre un visage et c'est un élément pour moi crucial dans un roman, quel qu'il soit.
A cette époque, le serial killer était encore entouré de mystères et on continuait d'avancer à tâtons sur le sujet mais ce personnage réunit tous les clichés possibles et imaginables : psychopathe, tueur organisé et faits prémédités, enfance bafouée, complexe maternel car rejeté par sa propre mère, haine envers les femmes, comparaison à la figure paternelle et besoin de reconnaissance et d'identification, volonté de poursuivre l'oeuvre du père voire de faire mieux... Dommage ! Car en effet, l'idée de base est bonne et même le dénouement, si on veut vraiment être sympa.
Parce que cette fin justement... elle m'a laissée perplexe. Non, en fait, totalement déçue et je me suis dit "j'ai donc passé tout mon temps à m'accrocher à ce bouquin pour CA ?!".
Honnêtement, je ne le conseille pas même s'il est considéré comme un incontournable du genre. Il y a tellement plus intéressant ailleurs !