Je prends toujours soin de choisir mes mots quand on me demande de choisir entre certains films pour décréter lequel sort du lot. Si on me demande par exemple "Quel est le meilleur Disney ?", je serais tenté de répondre Le Roi Lion. Par contre, si on me demande "Quel est ton Disney préféré", je répondrais probablement Aladdin.
Ce choix est assez subjectif car en tant que produit filmique en soi, le Roi Lion reste le plus impressionnant, probablement celui qui parle au plus grand monde, aussi bien les enfants que les adultes, les filles et les garçons, les cinéphiles et les spectateurs lambda. Je vous renvoie à ma critique pour mieux saisir où je veux en venir. La différence réside plutôt dans le capital sympathie. Le Roi Lion pouvait surtout compter sur le duo Timon et Pumba pour ce point précis, si bien que le dessin animé dérivé leur a été entièrement consacré. Dans Aladdin, cette sympathie englobe tout le long-métrage.
Pourtant, Aladdin ne fait "que" nous offrir une nouvelle leçon de vie déjà entrevue dans La Belle et la Bête et aujourd'hui ultra-classique, à savoir ne pas se fier aux apparences et aller plus loin. De plus, si le film propose un contraste sympathique entre ce voleur des rues qui aspire à la belle vie et cette princesse qui fuit les paillettes pour se confronter au "petit peuple", il est hélas trop bref. Ainsi, la princesse Jasmine passe au second plan. Ce qui est ironique quand on connaît Disney !
Mais Disney a parfaitement compris que pour dynamiter son histoire convenue, il fallait soigner tout le reste afin de mieux faire passer la pilule. Cela passe par une esthétique fort agréable, mêlant très bien l'animation classique et la technologie 3D encore novatrice pour l'époque. Fort heureusement, on savait doser ses effets, si bien que la forme n'a absolument pas vieilli aujourd'hui. Mention spéciale aux couleurs qui sont toujours aussi bien dosées. Les musiques répondent comme souvent présentes et si elles sont moins variées que pour Le Roi Lion, elles ne sont pas moins mémorables pour autant.
Sur le fond, tous les personnages importants laissent une impression et facilitent l'investissement. Jafar est un méchant mémorable rien que par sa présence (et sa voix, merci Féodor Atkine) tandis que tous les autres nous garantissent un sourire, du Sultan à Abu en passant par Iago. Oui, lui aussi, je sais qu'il agace certains, ce qui est parfaitement compréhensible, mais je l'ai toujours apprécié, c'est un comic relief efficace à mon sens. (Qui n'a pas ri durant cette scène ?). Reste Jasmine, pas aussi développée que je l'aurais voulu mais au moins on sent tout le long que l'on n'a pas affaire à la caricature que l'on fait d'une princesse Disney.
Aladdin est quant à lui un héros qui parlera davantage à la gente masculine et représente mine de rien une certaine prise de risque pour Disney : c'est un conte de fée et le personnage principal n'est pas une princesse. Son traitement est parfois bancal d'une scène à l'autre mais il reste globalement cohérent et compréhensible. Il n'est pas dur de s'attacher à lui et c'est le principal. Enfin le rythme est soutenu, chaque scène est placée là où il faut, des chansons aux moments calmes en passant par l'action et bien entendu l'humour.
Après, tout cela n'est guère surprenant venant de Disney, habitué à nous offrir toutes ces qualités. Sauf que quand on pense à Aladdin, on pense surtout à un personnage précis, celui qui fait passer le film d'un divertissement agréable à un classique indémodable. Celui que je tiens comme le meilleur personnage animé qui soit : le Génie. Et celui-ci porte bien son nom car il fait recours à trois génies. Celui de Disney qui prend le pari de rendre son film complètement barré tout en gardant un fond sérieux et y parvient avec mention. Celui de Robin Williams, qui donne sa voix et son grain de folie au personnage, réceptacle de toutes ses improvisations dont il avait le secret. Enfin, celui de Richard Darbois qui propose la meilleure VF qui soit pour un personnage (animé comme réel), sublimant un rôle sur lequel tous les acteurs et imitateurs s'étaient cassés les dents*.
Avec le Génie, Aladdin devient une invitation à la bonne humeur. Une proposition de Disney sur laquelle on revient chaque fois avec grand plaisir et on redécouvre à chaque fois quelque chose de nouveau. Il m'est physiquement impossible de ne pas arborer un large sourire devant ce film. Et rien que pour ça, il fera toujours partie de mes films favoris.