Sombre et noble.

Albator, l'une des meilleures réinterprétations modernes du révolté byronien. Le charme de la série repose sur un mélange étonnant d'ambiance de western spaghetti, d'épopée wagnérienne et de mythologie révolutionnaire.

Car plus qu'un corsaire, Albator est avant tout la fusion parfaite entre Ché Guévarra et l'amiral Nelson. C'est avant tout un révolutionnaire qui lutte contre un ordre injuste (même s'il prétend ne se battre que pour garder son intégrité).

Ce film a bien des défauts, notamment cette idée mal amenée et somme toute inutile qu'Albator et Alfred entretiendraient leur amitié à travers les âges et les générations. Il y a aussi quelques subterfuges pour faire de l'animation à l'économie (les plans fixes sur le visage impassible des héros...).

Cela dit, il me touche quand on le compare à tous les efforts que font les films actuels pour distribuer des vibes feel-good. Albator 84 est un film profondément déprimant, qui sème derrière lui une série de cadavres. Et c'est une idée juste de ce qu'est une guerre de libération : être prêt à perdre ceux qui nous sont chers pour se libérer d'un ordre injuste. Entre la jeune fille qui prêche la liberté sur une radio et meurt de ses blessures, une gamine mourante sur une planète qui explose peu après, un groupe de combattants miraculeusement rescapés qui décide de se jeter dans un orage interstellaire pour alléger le vaisseau, un collabo qui décide de retrouver sa liberté en mourant au combat, on est soulagé qu'au moins certains autres personnages qu'on aime arrivent jusqu'à la fin du film à peu près en un seul morceau.

Le film est beau et remplit le cahier des charges d'un film Albator : des péripéties dans l'espace, un duel, une apothéose de combat spatial, et avant cela beaucoup de dilemmes moraux qui placent la liberté au-dessus de tout le reste.

La bande-son compte de nombreux morceaux de musique classique, qui rythment bien cette épopée spatiale.

C'est un beau film sur ce qu'exige la lutte pour la liberté. Je suis conscient que certaines sensibilités trouveront son pathos un peu facile ou forcé. Moi, pour une oeuvre destinée à la jeunesse, je le trouve précieux dans son aspect délibérément sombre.

Vu sur un dvd trouvé à Easy Cash. Merci Easy Cash.