Albator, corsaire de l'espace par AntoineRA
Albator, c’est un peu la figure mythique des dessins animés d’antan, ce anti-héros "défiguré" capitaine d’un vaisseau spatial qui a dû en faire rêver plus d’un. Sauf qu’à l’heure actuelle, ce personnage est devenu quelque peu oublié, voire inconnu des plus jeunes générations. Disons que la série animée n’a pas non plus été éternisée à outrance et date d’une trentaine, voire quarantaine d’année. Mais Albator subsiste et le voir revenir triomphalement sur grand écran, dans un long-métrage d’animation de synthèse, est une idée plutôt excitante, bien que le projet d’un film live n’en aurait été que plus fou encore. Ne boudons pas notre plaisir, ce film next-gen a été confié à l’excellent Shinji Arakami, à qui l’on doit notamment le très bon dyptique Appleseed.
Visuellement, donc, le résultat n’étonne pas de par sa qualité, mais impressionne tout de même vis-à-vis de la finition globale. Si Final Fantasy VII : Advent Children avait été une claque visuelle au niveau de l’animation il y a dix ans, Albator, Corsaire de l’Espace peut fièrement se targuer d’arborer également ce même statut. L’animation est tout simplement somptueuse, avec une richesse du détail sidérante, des textures magnifiques, et des plans presque photoréalistes par moments. C’est du grand art, et on aurait pu espérer mieux pour dépeindre cette œuvre de science-fiction. Le chara-design est minutieux, même s’il reste assez classique, et les divers vaisseaux, armes, et autres technologies typiques de l’univers d’Albator sont excellemment rendue via une animation 3D claire, dynamique, et soucieuse d’en mettre plein la vue. Qui plus est, la stéréoscopie est très belle – difficile de la rater sur des images de synthèse – bien qu’elle se cantonne essentiellement à l’intérieur de l’écran et oublie les projections qui avaient pourtant matière à donner quelques sensations. Néanmoins, on pourra trouver les visages des personnages trop lisses, ou plutôt trop peu expressifs par rapport à leur environnement - peut-être est-ce imputable au doublage français ?
À l’image de ces faciès, c’est finalement l’ensemble de l’histoire qui apparaît fade, portée par une intrigue très faiblarde, manichéenne, et sans doute destinée à ne pas compliquer le public plus enfantin qui risque d’assister à la séance. Les motivations des personnages sont bancales et, très rarement, le spectateur parvient à s’impliquer émotionnellement dans le film, si ce n’est pour prendre parti pour Albator, qui respire la classe – et n’apparaît que trop peu tout compte fait. Par ailleurs, les retournements de situations sont extrêmement convenus, et même prévisibles plusieurs centaines de minutes à l’avance. Passons également sur les dialogues souvent peu inspirés et banals, ou les explications scientifiques grotesques malvenues dans le contexte toujours sérieux du film ; ou bien les plans fan service intercalés grossièrement entre les scènes. Enfin, plus que tout, on regrette finalement l’absence flagrante d’un certain degré d’ÉPIQUE, notamment à cause de cette bande-son pratiquement anecdotique, pourtant signée Seiji Yokoyama (à qui l’on doit la musique de Saint Seiya), bien loin des thèmes phares de la série. Cela empêche, finalement, de pleinement jouir du spectacle - quand bien même il ne serait que visuel - et laisse à penser que cette nouvelle mouture du plus célèbre pirate de l’espace s’adresse essentiellement à ceux animés de la fibre nostalgique des séances télé de leur enfance.