Albator, corsaire de l'espace
5.8
Albator, corsaire de l'espace

Long-métrage d'animation de Shinji Aramaki (2013)

Albator était un de mes héros préférés et j'adorais voir les épisodes de la série. C'est aussi une série dont j'ai oublié le principal : la trame de l'histoire. Mais bon, dans mon souvenir d'enfant, le pirate de l'espace, il déboîte.

N'ayant pas mis le nez dans ses affaires depuis au moins quinze ans, j'avais presque oublié le fameux Capitaine et sa clique...

Lorsque j'ai appris la sortie du film en 2013, je ne pus m'empêcher de me précipiter dans une salle obscure pour aller contempler ce qu'on décrivait, non seulement comme le retour de Monsieur Harlock, mais surtout et aussi comme un chef-d'oeuvre visuel de l'animation. Eh bien mesdames et messieurs, croyez-le ou non, j'ai été très déçu à mon premier visionnage. Pourquoi ? J'ai arrêté de me poser la question. Peut-être n'étais-je pas prêt. Peut-être avais-je envie de pisser pendant la séance. Bref. Je me trompais. J'avais mis 5/10.

Ayant revu le film il y a quelques jours, j'en ai saisi tout le sens. Balayant ce que je connaissais de la série (dont je ne me rappelle quasiment rien), j'ai trouvé très intéressant de traiter le personnage d'Harlock comme une entité sombre et légendaire, au lieu d'en faire un banal héros où tout graviterai autour de ses belles actions ou de ses déboires. Non, ici, le héros, ou plutôt le personnage principal, est le jeune Yama, qui va se retrouver au milieu d'un conflit qui le dépasse. On est loin du fan-film à deux ronds.

Tout dans ce métrage est en fait très bien pensé, à commencer par le scénario. J'entends déjà les langues des puristes s'agiter, mais malgré tout le respect que je dois à la série, je suis bien content que le film ne raconte pas exactement la même chose. On peut ici en effet parler d'une vraie adaptation. De plus, les enjeux de l'histoire sont d'une ambition folle, et malgré l'air léger du film, on y retrouve toutes les subtilités, les archétypes qui peuvent rendre un film unique et attractif : des personnages fouillés et complexes, un manichéisme complètement absent, un univers développé autour d'une époque et d'un concept qui engendre plusieurs sous-concepts, des rebondissements, de l'émotion (il en faut !) et une générosité visuelle hallucinante (doublée d'une lisibilité d'image exemplaire).

Ces éléments vont très bien s'imbriquer au fil du récit, racontant plein de choses, jusqu'à des twists révélateurs et une apothéose grandiloquente. Malheureusement, et je pense que c'est ce qui a plombé la moyenne de ce film, la fin dégringole vite dans la maladresse et les explications pompeuses... même si elle est loin d'être mauvaise. Parce que même si les scénaristes se sont un peu perdus dans leur propos, la conclusion ne manque pas de panache, elle est tout à fait légitime et a le mérite d'au moins délivrer un message profond, plutôt singulier.

Passons ensuite à l'aspect visuel : pour tout dire, c'est après avoir vu le récent film Warcraft que j'ai eu envie de revoir ce film-ci. Même si les techniques ne sont pas les mêmes, on peut comparer sommairement ces deux films, car tout deux ne sont pas avares en images et offrent des plans iconiques non négligeables. Là où le film Blizzard se noie dans un bouillon numérique (indigeste), nos amis japonais eux balancent tout leur savoir-faire, que ce soit dans le cadrage, les couleurs, le design, l'ambiance... Chaque séquence est lisible, dynamique, tout comme le sont les meilleurs mangas. De plus, la 3D est très bien utilisée, sobre et pourtant grandiose. Même si certains plans sont moins jolis que d'autres (peut-être à cause du budget), l'ensemble est une véritable fresque de science-fiction aux lumières et à l'animation virtuose.
De plus, les batailles sont bien brutales et envoient un style de taré. Quel bonheur de voir l'Arcadia sortir des ténèbres fumants et démolir une flotte de militaires à grands coups de crâne dans leur tronche !
Le design des costumes et des personnages n'est pas en reste, puisque chacun est archétypal, reconnaissable, donnant une dimension on ne peut plus crédible au récit.

Pour conclure, malgré quelques petits défauts qui peuvent contrarier nos esprits étriqués d'occidentaux (c'est pas gentil, mais c'est pas faux), Captain Harlock est une production beaucoup plus intelligente et intéressante que la plupart des films de SF qui sortent ces dernières années. Enfin, l'oeuvre a au moins la dignité de ne pas être radine en spectacle et de régaler nos yeux.

Et maintenant, un petit peu de musique : De bâbord à tribord

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le 30 mai 2016

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