Soyons clair, malgré l'aura culte qu'il y a autour du travail de Leiji Matsumoto, je ne me suis jamais intéressé à son univers estampillé space opera. Si l'on excepte le fait que je ne suis pas de la génération qui a grandi avec le dessin animé des années 70/80, cette indifférence est due aussi à des aprioris tenaces et superficiels: le design de ses personnages m'a toujours semblé vieillot et neuneu. Par conséquent, je ne connais strictement rien à cette licence et je ne ferai pas de point de comparaison avec ce qui a été proposé par le passé. Alors quand j'ai appris qu'ils comptaient faire une relecture de l'oeuvre de ce mangaka, le tout emballé avec la technologie d'aujourd'hui (images de synthèse), le profane que je suis, a trouvé le projet bien plus avenant.
En premier lieu, il faut signaler que la Toei animation s'est donné les moyens: pour une production japonaise le budget est assez élevé (estimé à 30 millions de dollars), mais dans le monde de l'animation numérique, c'est dérisoire si on compare avec les productions américaines. Et pourtant, visuellement, le film se défend très bien, je dirai même que c'est très beau. Bien aidé il est vrai, par une direction artistique sublime. Que ce soit l'aspect des décors, le design des vaisseaux ou des costumes, c'est vraiment classe et réussi, même si au fond ça ne brille pas par son originalité. J'ai été également surpris par le rendu des personnages. Alors, oui effectivement, ils ne sont pas excessivement détaillés et les animations de ses derniers ne sont pas irréprochables loin de là. Néanmoins, ça tient la route, rien ne m'a choqué, je n'ai jamais eu l'impression de voir quelque chose d'obsolète. Tout ça pour dire que j'en ai pris plein les mirettes, et que les mecs ont fait un excellent travail compte tenu du budget investi.
Au delà de ces considérations techniques certes importantes, mais qui ne font pas tout dans l'obtention d'une oeuvre réussie, que vaut donc le scénario du film ?
En tant que novice patenté, j'ai été emporté par l'histoire, et j'en suis le premier surpris. Tout d'abord parce que les avis, lus à droite et à gauche, étaient plus que mitigés sur ce point précis, puis surtout: je pensais que j'allais être complètement paumé. Au final, ce ne fut pas le cas, même si je dois admettre que dans le dernier acte je commençais à décrocher, car ça partait dans tout les sens. Il n'en demeure pas moins que dans l'ensemble c'est limpide et fluide, j'ai vite saisi les enjeux et peut-être que le fait d'avoir mis comme personnage principal, une jeune recrue, ça aide pour s'identifier et pour appréhender l'univers qui est caractérisé. D'ailleurs, en parlant de protagoniste, à mon grand étonnement, le fameux Albator est un personnage secondaire. En effet, malgré tout ce qui gravite autour de lui on le voit peu. Il est le centre de toutes les attentions, mais en terme de présence il se fait rare notamment et surtout lors de la première heure du long métrage. Mais quand il apparait, c'est à chaque fois jouissif. Le cinéaste Shinji Aramaki le met en valeur et l'iconise à mort via sa mise en scène ostentatoire (ralentis, jeux de lumières, longs travelling, mouvement de la cape). Sur ce point là, il est coutumier du fait pour ce genre de délires, mais ça fonctionne très bien et ça participe au côté légendaire du plus célèbre des pirates de l'espace. Ceci dit, le fait qu'il soit en retrait, physiquement parlant, est dans la logique de l'histoire. Ca s'inscrit sans mal dans le cheminement du point de vue initial, c'est donc cohérent dans le principe.
Je remarque avoir énuméré essentiellement des points positifs, pour autant le film n'est pas parfait. Il manque de l'épaisseur à certains personnages clés et la composition musicale m'a semblé en dessous de ce que les images pouvaient véhiculer. Hormis deux ou trois thèmes agréables à écouter, le reste de la partition est convenu, pour ne pas dire insipide.