Le Cinéma de Theo Angelopoulos a toujours fait preuve d’une brillance technique incontestable, maîtrise doublée d’une cohérence thématique passionnante si l’on prend la peine de se promener d’un film à l’autre de son Œuvre : constitué de longs plans-séquences narrant l’évolution chorégraphique de ses figures et brouillant dans le même mouvement la temporalité du métrage Alexandre le Grand demeure proprement représentatif de son Cinéma, se livrant telle une épopée exigeante et rigoureuse demandant logiquement de notre personne de spectateur.
S’appréhendant comme de longs blocs confrontant le passé et le temps présent au cœur d’une même réalité filmique les plans-séquences d’Alexandre le Grand imposent leur désarmante complexité par l’entremise d’un voyage tour à tour fascinant et atemporel, aride, élégiaque. Certains ont reproché au réalisateur une approche nostalgique de ses sujets, n’y voyant que passéisme et afféteries poussiéreuses perdues dans un Art vain, inutile, tournant dans le vide… C’est que Theo Angelopoulos, à l’instar des grands maîtres du cinéma soviétique, est toujours parvenu à assumer l’Histoire de son pays en rendant gloire aux figures du temps jadis.
Il faut – pour apprécier a minima Alexandre le Grand – accepter de ne pas tout comprendre et se perdre dans une peinture en mouvance évoquant parfois le travail de Brueghel l’Ancien et la radicalité du cinéma de Bela Tarr. N’y voir aucune psychologie ni d’enjeux réels, davantage un parcours qu’une somme d’actes explicatifs. Un film impressionnant.