Il ne faut pas se laisser rebuter par le titre français vulgaire (le film s'appelle simplement "Alfie" à l'origine). Alfie est bien un dragueur, mais pas "le" dragueur, plutôt un "wannabe". Un de ces types qui voudraient bien avoir l'air, mais qui ont pas l'air du tout, bien que, paradoxalement, lui bénéficie de la classe de son interprète, Michael Caine.
Le cinéaste fait de lui une peinture pleine d'humour, mais dénuée de sympathie. Ses apartés cyniques quémandant l'approbation du spectateur pendant qu'il est "en chasse", le mépris avec lequel il traite les femmes qui s'éprennent de lui, son incapacité à gérer un avortement dont il est (ir)responsable, font clairement de lui un être horripilant. Et lorsque, après avoir fait le vide autour de lui, il se fait jeter par plus dragueuse que lui, on garde les yeux secs.
Le film s'ouvre et se ferme sur la rencontre d'Alfie avec un chien errant, les deux destins étant clairement mis en parallèle. Mais ce n'est qu'à la fin qu'Alfie adresse la parole au chien, acceptant ainsi de se reconnaître pour ce qu'il est. Alors, et alors seulement, l'émotion naît.
Du cinéma fin et intelligent... et, en creux, authentiquement féministe.