Face caméra, Alfie (affreusement génial Michael Caine) appelle les femmes "bird", leur donne du "it", témoigne une absence totale d'empathie pour la gent féminine qui n'est là que pour servir:
- Servir le repas
- Servir de femme de ménage
- Servir de poupée gonflable
- Servir de faire-valoir à sa propre estime
Scandaleusement misogyne, son personnage est aussi lâche, voleur, manipulateur, égocentrique, ridicule, menteur, inhumain. Bref, Alfie nous dresse le portrait d'un connard. Un connard qui traverse sa vie tel un pantin désarticulé, sans âme, sans cœur, sans rien.
Alfie, par ses confidences constantes, fait du spectateur, prisonnier de sa logorrhée, le témoin de son vide existentiel. En cherchant l'approbation du spectateur à chacun de ses déboires, à chacune de ses provocations et de ses décisions cyniques et exécrables, Alfie se fait lui même spectateur du théâtre ridicule et du néant de sa vie. Il semble s'en croire maître par un recul philosophe alors qu'il passe finalement tout le film à théoriser sur les femmes et sur son rapport au monde en espérant ainsi décrocher l'approbation de l'audience et sa propre approbation. Tout n'est que mensonge et supercherie. Et s'il semble toujours se présenter en maître de son destin, et même si en comparaison de ce qu'il fait subir aux femmes, il ne semble pas souffrir suffisamment, il est systématiquement perdant... Chaque femme qui croise sa route, à l'exception peut-être de l'épouse de son ami Harry, semble mieux gérer l'après Alfie que lui-même.
Cynique et dépravé, Alfie est un connard, qui mérite une vie de chien. La fin du film nous donne d'ailleurs la sensation qu'il en a conscience et que ces deux heures de confidences ne sont que poudre aux yeux, esbroufe habile qui couvrent bien mal d'un drap impudique et mysogine le vide sidéral de la vie d'Alfie...