Native du Yorkshire, Clio Barnard a puissamment marqué son territoire dès son premier long-métrage de fiction, Le géant égoïste. Ali & Ava, son troisième film, se situe parfaitement dans la ligne du cinéma social anglais, y ajoutant une couleur séduisante de comédie romantique. Ali, d'origine bangladaise, aime l'électro et le rap ; Ava, de descendance irlandaise, préfère le folk et la country. Incompatibles, ces deux-là ? Bien sûr que non même si leur entourage n'est pas très chaud pour le mélange et s'ils sortent l'un et l'autre d'une situation maritale douloureuse. Ali & Ava, qui mise beaucoup sur la musique, toutes les musiques, pour cimenter le lien entre ses deux protagonistes, n'est pas un film immédiatement harmonieux. C'est même l'inverse avec des scènes qui se chevauchent et un rythme saccadé, au point de friser le chaos (technique ?). Mais heureusement, dans sa progression, le récit trouve davantage de sérénité et bénéficie surtout d'une interprétation parfaite et du regard bienveillant posé par la réalisatrice sur deux âmes pas si éloignées et finalement esseulées, en dépit de la large communauté qui les entoure et les aime. Ali & Ava n'a pas la séduction facile et peut même agacer par la mobilité frénétique de sa caméra et son refus de donner plus du temps à chacune des scènes. L'énergie déployée compense le côté un peu convenu de l'histoire d'amour (ne le sont-elles pas toutes ?) et permet au film de ne pas décevoir.