Une paternité pas forcément virile !

Une technique visuelle remarquablement maitrisée, allant dans le sens de l'immersion et de la fluidité du mouvement suivi (décomposé sans nervosité et combinant de multiples axes: champ, contre-champ, latéral). Parti pris illustrant bien le lien symbolique que développe l'héroïne à son environnement primaire forestier, rapport organique avec un milieu qui n'est autre que le miroir de son corps de femme découvrant la vie qu'elle porte et développe (enfouissement provisoire du nouveau-né qu'elle a pour mission de "livrer" et grouillement d'insectes terrestres en sont les signes flagrants).

Un scénario en revanche assez faible (psychologie assez réduite et esquisse en arrière-plan du tissu social peu marqué), même s'il s'applique à éluder le maximum d'éléments qui lui ferait prendre une tournure de film d'action politique. Il témoigne des revendications et espoirs féministes élémentaires de notre époque (et sensiblement wokes: exclusion des noirs comme des indigènes, ayant subis les plus lourdes pertes dans la lutte armée, représentée par Yuldor, alter ego de Maria), égratignant manifestement un machisme obèse, une immaturité des hommes à l'égard de la paternité (le commandant ne veut pas par fierté qu'on apprenne qu'il s'agit de son enfant), et une virilité de pacotille bonne qu'à trucider mais masquant bien souvent la lâcheté (voire par contraste le personnage de Yuldor, de physique et comportement plutôt délicats qui se charge de langer l'enfant avec naturel - donc loin du cliché du fier mâle latino !).

Rq: Trois très courts métrages additionnels sur le DVD BlaqOut, non référencés dans les filmos sur internet. La mort (d'un proche), ou sa menace invisible, tout comme l'attrait pour le fantastique, semble récurrent. "La lettre fantome" est sans prétention, une animation en images réelles fixes, traitée avec une certaine légèreté innocente, pastichant le formalisme du muet avec ses intertitres. Usage par moments de maquette pour le décor, ou de toile peinte. Un certain réalisme magique teinte la dernière partie avec aberration temporelle au sujet de la disparition du père (victime de la lutte armée ?). "Dayhan" (2015), évoque la menace mortelle pesant de manière diffuse sur les enfants du pays, ici des écoliers "jouant à la mort" (disparaitre dans une tranchée), semblant passer inaperçue aux yeux des adultes. Atmosphère empruntant au fantastique, aux codes de l'épouvante non-figurative, empruntant de manière approximative à "Shining" ou "Ring". La menace fantomatique semble apaisée une fois un ruban rouge brulé par la jeune fille (symbole de mauvais sort détruit ?). Très amateur, en particulier le jeu des comédiens. "L'internat hanté" (2015), vraiment très brouillon et ridicule. Deux jeunes filles jouant au jeu de ouija, racontent le passage maléfique d'esprits terrifiants ayant laissé leurs empreintes ensanglantés. Abcons.

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le 19 déc. 2023

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