C'est le premier film de Jan Svankmajer que j'ai vus et bon dieu qu'il est génial.
"Alice" adapte le roman de Lewis Caroll: "Alice au pays des merveilles" paru en 1865 et racontant l'histoire de Alice une petite fille qui s'ennuyant décide de courser un lapin blanc à travers un univers aussi absurde que fou.
Dans une interview donnée en 2011 par le journal Electric Sheep Magazine, Jan Svankmajer nous parle de la manière dont il a retranscrit le roman de Lewis Caroll: "Jusqu'ici, toutes les adaptations d'Alice (dont la dernière de Tim Burton ) le présentent comme un conte de fées, mais Carroll l'a écrit comme un rêve. Et entre un rêve et un conte de fées, il y a une différence fondamentale. Alors qu'un conte de fées a un aspect éducatif - il fonctionne avec la morale de l'index levé (le bien surmonte le mal), le rêve, en tant qu'expression de notre inconscient, poursuit sans compromis la réalisation de nos souhaits les plus secrets sans tenir compte des inhibitions rationnelles et morales, parce qu'il est guidé par le principe de plaisir. Mon Alice est un rêve réalisé." (1).
En effet oubliant le coté compte de fée emplis de moral des récentes adaptations, Jan Svankmajer préfère retranscrire le coté bizarre, absurde, amorale, mais surtout onirique du roman et pour cela, il utilise l'animation en volume avec un lapin blanc empaillé emplit de sciure, des petits personnages construits avec des crânes, une pile de feuilles rousses se rangeant dans un tiroir beaucoup trop petit pour la quantité, l'héroïne se transformant en petite poupée ... Cette animation permet de bien mettre en évidence le côté incompréhensible et effrayant que l'on peut retrouver dans un rêve.
Mais ce n'est pas le seul atout qu'a le film pour nous faire entrer dans le monde des songes. Les transitions et la mise en scène y jouent aussi un rôle. Pour illustrer mes propos je prendrais en exemple la scène au début du film où le lapin se libère de sa cage, dès qu'il commence à s'enfuir nous faisons une transition entre une chambre d'enfant en bazar avec un champ avec un meuble à tiroir trônant au milieu, immédiatement le lapin se jette dans le tiroir qui se referme aussi tôt. Alice, arrivant devant le tiroir, l'ouvre et malgré sa taille trop grande arrive à se glisser à l'intérieur et le film grâce à un jeu sur les proportions nous montrant sur le plan d'après l'intérieur du tiroir beaucoup plus grand permettant de laisser passer Alice arrive a montrer le côté surréaliste et absurde de la scène.
Je vous conseille vraiment ce film si vous aimez l'animation en volume (du genre "Panique au Village", "L'île au chien" ou "Fantastic Mr Fox") ou si vous aimez le côté surréaliste et onirique.