Alice au Pays des Merveilles
Une relecture du lisse mais tellement prenant classique de Lewis Carroll, vieux de presque cent-cinquante ans, par un Tim Burton qu'on connaissait complètement barré, touchant un public friand de ses délires intellectuo-fantastiques narrés avec talent, voilà une idée qui aurait pu nous séduire. Mais pourquoi Walt Disney, une usine à niaiseries enfantines, pleines de morale mielleuse et de sentiments légers, ressent-il le besoin frénétique de se mêler de tout ?
Nous connaissions tous l'histoire de cette rêveuse de joli brin de fille, Alice, fuyant le monde conventionnel d'une aristocratie ne laissant que peu de place aux lapins en haut de forme et aux chats souriants, pour se réfugier dans celui fantaisiste où tout devient réalisable.
Nous étions donc plus que curieux de voir ce que pouvait apporter Burton au monde bien trop superficiel de Disney, et à celui gentillet de Lewis Carroll, mais nous ne pouvons que constater, dépités, qu'il se fond étrangement dans le moule du show grand public à l'américaine. Finis les « Big Fish », et autres « Noces funèbres », oubliés les « Edouard aux mains d'argent » ou « Mars Attack », Tim Burton et sa ribambelle d'acteurs de renom repartent chacun avec sa petite enveloppe, mais n'emportent sûrement pas l'avis du public. Si le casting n'est responsable en rien de la déroute, Johnny Depp joue toujours avec autant d'aisance les personnages totalement déjantés, et Helena Bonham Carter, que nous connaissions dans « Fight Club » signe une prestation remarquable. La faute en est surtout à une Alice, Mia Wasikowska, fade et sans relief, un scénario faible qui ne survole que légèrement l'œuvre de Carroll sans jamais chercher à aller plus loin, et une intrigue qui ne retient personne.
Les enfant se soumettent à l'interdiction d'aller voir des films pour lesquels ils sont trop jeunes, ne peux t'on pas imaginer le contraire ?