Alice dans les villes par J. Z. D.
Je suis sorti du cinéma avec une claque, peut-être que ça venait de moi, de mon état, de mon humeur, ou alors c'est ce film qui a quelque chose de tellement fort, de touchant, de si vivant.
Wim Wenders filme d'abord l'errance d'un journaliste allemand aux Etats Unis, perdu dans la contemplation de clichés photographiques qu'il prend sur sa route, incapable de décrire avec des mots ce qui l'entoure. Au bord de la fuite, il rencontre Lisa qui disparait aussitôt en lui laissant sa fille, la jolie Alice. Il y a une histoire de grève, d'avions, d'éléments sans importance de la vie, qui vont les unir le temps d'un voyage.
A travers l'Europe, l'Allemagne et la Hollande, Alice cherche sa mère, l'écrivain cherche ses racines et Wim Wenders passe par la fenêtre de la voiture sa caméra filmant dans un noir et blanc que ne salit qu'un grain un peu épais des villes les unes après les autres, parfois il s'arrête et la pose avec tendresse sur les sourires de la petite Alice. Et c'est dans ces instants que tout se transforme, le vide devient beau, esthétiquement et moralement, Wim Wenders en expurge la vanité.
L'inspiration évidente de tout un "cinéma du vide", dont il restera probablement le plus grand représentant.
A l'époque, je n'avais jamais vu un autre film de lui, depuis j'ai croisé les Ailes du désir, et ce soir Paris, Texas : beaucoup de liens sont évidents entre ce dernier et Alice qui ressemblerait presque à une esquisse de ce voyage, de ces héros. Sauf qu'ici, on n'en saura presque rien.