Critique publiée pour les quarts de finale de la coupe SC organisée par guyness.
Au détour d'un carrefour,
Sur le rivage d'une plage,
Un être paumé,
Une mer déchaînée.
Armé de son polaroïd,
Captant l'instant présent,
Photographiant sans relache,
Il enchaîne clichés sur clichés,
Pour se donner des preuves d'exister.
Parcourir l'Amérique,
Dans un état second,
Cet homme semble avoir perdu le sentiment de lui-même.
Étranger à lui-même,
Ce fut un voyage épouvantable.
C'est un miséreux journaliste de profession
Parti aux Etats-Unis pour un reportage.
Cet homme semble incapable de boucler
l'article que son éditeur lui a commandé.
Errant sans but tel une âme en peine,
Dans un environnement urbain abrutissant,
Le retour en Allemagne s'impose s'il souhaite retrouver un semblant d'équilibre en lui.
En standbye dans un aéroport en grève, il fait la rencontre d'une femme à la beauté mystérieuse qui lui confie provisoirement la garde de sa fillette de 10 ans, prénomée Alice.
Sauf que cette mère disparaît étrangement de la circulation, ce qui plonge irrémédiablement ce nevrosé dans l'embarras.
Désormais en route dans le but de confier Alice à sa grand-mère, l'exploration géographique pour retrouver l'emplacement de la maison, se transformera en une quête identitaire personnelle. En proie à de profonds problèmes existentiels, ce parcours initiatique visera à investiguer les sources de ces problèmes et à en dégager de possibles échappatoires.
A travers la spontanéité, l'innocence et la légèreté de ce petit bout de chou, il se sentira finalement revivre au fil du temps, se sentira finalement libéré d'un poids, se sentira finalement soulagé, apaisé.
Wim Wenders ajoute à cet axe scénaristique principal des réflexions permanentes sur la photographie, sur l'image, sur le dévéloppement des médias, ou encore sur notre rapport à la réalité, qui sont suggérées par de nombreux petits détails et effets cinématographiques en tout genre.
L'utilisation du noir et blanc nous plonge constamment dans une atmosphère morose et déprimante qui correspond bien à l'état psychologique du personnage principal. Un rythme lent permet de nous retranscrire le cheminement douloureux d'une crise passagère. Le soin apporté à la bande sonore est admirable car il nous prédispose à ce que l'auteur veut nous transmettre.
Au niveau du style, des thématiques, et des personnages, l'oeuvre représente pour moi le mixte parfait entre les cinéastes Jim Jarmush et Michelangelo Antonioni. Une qualité non négligeable car ce sont deux auteurs très talentueux.
Une chose est sûre, ce passionnant road-movie méditatif constitue mon gros gros coup de coeur de cette coupe.
A découvrir de toute urgence donc !