Si l'échec du film au box-office reste parfaitement explicable (entre autres, 1. un engouement réduit pour les méga-productions en 3D par rapport à 2010, / 2. un écart de 6 ans entre le premier et le deuxième volet des aventures d'Alice - trop long pour capitaliser sur la hype du film originel, trop court pour capitaliser sur la nostalgie du public - / 3. la lassitude du public vis-à-vis de Johnny Depp / 4. l'absence de Tim Burton à la réalisation qui pouvait laisser redouter une entreprise purement commerciale), il n'en reste pas moins incompréhensible.
De l'autre côté du miroir est largement supérieur au film de Burton tant sur le plan scénaristique (l'intrigue est plus sophistiquée, moins aléatoire, et Woolverton a réussi à mieux équilibrer ses dialogues) que visuel (les costumes sont encore plus beaux, les effets spéciaux ont gagné en précision, et le fond vert ne se sent quasiment plus).
Le visionnage se justifie tout d'abord parce qu'il apporte un véritable éclairage sur la psychologie des personnages, qui passent enfin du statut de marionnettes à celui de véritables humains. En ce sens, le deuxième volet apporte une réelle épaisseur, mieux une vraie légitimité à une pléiade de silhouettes.
Enfin, on assiste à un très joli glissement d'un univers gothique (Burton) à une esthétique steampunk (Bobin) qui prouvera que le film n'est pas un doublon, mais une autre expérience.
Pour résumer, un film beau, avec de l'esprit et du coeur, comme si Terry Gilliam avait croisé la route de John Lasseter.