Alice (Mia Wasikowska) revient au Pays des Merveilles. Mais c’est pour y découvrir que le Chapelier fou (Johnny Depp) est en train de se laisser dépérir, pensant que sa famille est toujours vivante. Pour sauver le Chapelier fou, Alice n’a qu’une seule solution : sauver la famille du Chapelier. Pour ce faire, elle va devoir retourner dans le passé, à l'aide d'une machine qu'une personne conserve jalousement au fond de son château : le Temps…
Après le très oubliable Alice au pays des merveilles de Burton, les studios Disney réitèrent avec un deuxième volet réalisé par un réalisateur sorti de nulle part. La surprise est à la mesure des craintes, légitimes, que l'on avait pu ressentir à l'annonce de la sortie de cette suite : immense.
De fait, presque tous les défauts du premier volet ont été effacés, nous offrant un film agréable, grandiose, bien mené, et - surprise ! - bien interprété, avec en prime une toujours superbe partition de Danny Elfman aux tonalités presque zimmeriennes... En effet, alors même que les acteurs n'ont pas changés, ils ont enfin quelque chose à faire de leur personnage. Tous les pantins sans âme du Alice burtonien acquièrent ici une réelle épaisseur, ainsi qu'une vraie humanité, sans doute grâce à leur passé qui nous est révélé. Voir la famille du Chapelier fou en fait ainsi un personnage attachant, d'autant plus que Johnny Depp parvient à diffuser une certaine émotion sous ses tonnes de maquillage, ce qui prouve toute l'étendue de son talent... On retrouve également avec plaisir une Helena Bonham Carter savoureuse en Reine Rouge, même si l'effet de surprise a disparu et qu'on risque de s'en lasser un tout petit. Elle entretient d'ailleurs avec sa sœur la Reine Blanche (supportable sans plus, mais c'est déjà un progrès !) une relation intéressante qui nous permet de jeter un regard nouveau sur l'une comme sur l'autre, d’autant qu’elle s’achève sur une scène de réconciliation plutôt touchante et assez juste. Paradoxalement, c'est le Temps, personnage par ailleurs très réussi, qu'on aurait aimé voir être creusé davantage et qui manque un brin d'épaisseur. Heureusement, l'interprétation de Sacha Baron Cohen remédie parfaitement à ce léger manque...
Le scénario de Linda Woolverton, quant à lui, s'il ne comporte rien d'absolument renversant, est bien écrit, et les péripéties sont toujours originales sans être tirées par les cheveux, jouant de manière plutôt habile sur les voyages temporels. Mais le plus intéressant, c’est bien sûr le Pays des Merveilles, qui, enfin, trouve une incarnation autrement meilleure que la vision noire et sordide proposée par Burton. Fourmillant de détails pittoresques et amusants, il est difficile de ne pas entrer dans cette ambiance à la fois magique et loufoque, qui séduit par son souci du détail et son esthétique (les secondes qui peuplent le château du Temps, la scène des échecs, les serviteurs végétaux de la Reine Rouge, etc...).
Et si on accepte de rentrer dans cette ambiance, on est prêt à passer sur tous les petits défauts du film, pour apprécier un film qui, certes, n’est sans doute pas un chef-d’œuvre, mais dans lequel on n’a pas vraiment l’impression de perdre son temps.