C’est un film tout simplement brillant.Alice et le maire raconte à priori un rapprochement improbable entre un homme politique et une jeune femme ayant fait de longues études de lettres, qui va devenir plus que sa consultante en communication politique ( « spin doctor » comme disent les anglo-saxons). Anaïs Demoustier et Fabrice Luchini ont des performances leur permettant d’explorer un éventail de postures de force, de fragilité ou de sensibilité. Accompagnés par des seconds rôles consistants ( Maud Wyler, Léonie Simaga et Thomas Chabrol entre autres), cette fresque a le mérite d’une tentative de « décloisonner »le monde politique et la société d’une grande ville française. Le réalisateur, Nicolas Pariser, sait aussi dépeindre la garde rapprochée d’un édile sans la rendre trop caricaturale,et surtout en observant sa mécanique, ses travers et son rythme effréné ( permettant au public une immersion dans le quotidien de ces hommes/femmes de l’ombre, ne comptant pas leurs heures pour animer les obligations et l’agenda de leur élu). L’exigence et le talent de Pariser le fait travailler sur le cadre ( formidables plans sur la ville de Lyon) tout en s’intéressant aux vies privées de ses personnages. Ces dernières sont empruntes de blues, d’aquoibonisme, de violents chocs frontaux avec la réalité et les autres. Le réalisateur du film démontre un sens formidable de l’observation, un timing à toute épreuve et une justesse dans le propos. Alice et le maire, prouve que les coulisses de l’existence sont éminemment plus révélatrices que le faux-semblant des apparences. Et puis l’histoire d’amitié entre Paul Théranaud et Alice Heimann au delà des conventions professionnelles et débouchant sur une vraie rencontre intellectuelle, permet de grands moments de respiration où écoute et bon appréciations de l’un et de l’autre font mouche. N’hésitez pas à voir ce film habité, pluriel et plutôt bien vu sur le genre humain, aussi varié soit-il, car il fait preuve d’une maîtrise rare.