Après les succès de "Bonnie and Clyde" et "La poursuite impitoyable", Arthur Penn a les mains libre pour faire ce qu'il veut.
Mais il ne va pas aller là où l'on pensait. Personne n'a compris ce film à sa sortie, dont le regard sur la culture hippie a été aveuglé par le succès de "Easy rider" sorti quelques mois avant. Mais le temps va travailler en sa faveur... Aujourd'hui tous les critiques s'accordent à dire qu'il est surement le film le plus représentant de la fin du flower power de 1967 et qu'il correspond exactement à l'esprit de son époque.
Le film semble léger et plutôt comique grâce à la musique folk entrainante d'Arlo Guthrie et son jeu un peu naïf du mec cool que rien ne semble affecter et qui regarde la société américaine avec amusement et détachement. C'est bien le titre de la chanson "Alice's restaurant massacree" sortie en 1967 qui inspirera le film. Son récit comique et moqueur est basé sur une véritable anecdote qui est arrivée à Arlo Guthrie. Arthur Penn aurait voulu tourner avec les véritables protagonistes de son histoire. Le policier et le juge accepteront, mais pas Alice et Ray (qui apparaissent en figurants dans l'église).
Mais l'anecdote d'Arlo ne dure que 18 minutes. Pas de quoi faire un long métrage...
Arthur Penn va broder autour un regard quasi documentaire sur ce mouvement culturel si particulier. Et son regard externe de quarantenaire ne va pas tomber dans l'utopie du discours peace and love. Bien au contraire, il n'hésite pas à montrer les failles qui amèneront le mouvement à la fin du rêve : la drogue, les abus du sexe, la réalité économique, l'omniprésence de la guerre du Viêt-Nam. Tout en montrant l'autre côté de la société américaine : les rednecks, les autorités publics, morales, religieuses et leurs regards sur ces jeunes chevelus.
Alors que le cinéaste semble nous vendre une comédie légère, son film est en fait crépusculaire, annonçant la fin du rêve hippie qui aura lieu au moment même où le film sortira.