Je n’aime pas vraiment le cinéma de David Fincher. Voire vraiment pas dans certains cas.
Rarement a-t-on vu une telle rigidité, un tel flegme mal placé quand il s’agit de parler d’horreur, de cruauté, de folie… Autant de thématiques qui ont l’air d’obséder le pépère, mais sur lesquelles je ne le trouve pas crédible, que ce soit dans Seven (Hashtag WhatsInTheBooooooooox?), Gone Girl, Fight Club ou The Social Network.
4 films envers lesquels je dois reconnaître que je suis (bien) trop vindicatif. Je le serais sans doute moins s’ils n’étaient pas hissés si haut par les gens persuadés d’aimer un tant soit peu le cinéma.
Fincher est lisse, ses acteurs sont mal dirigés, le style est interchangeable… Il aimerait donner dans le ciné de genre, mais la moussaka est fadasse. Est-ce dans un souci de s’adresser à une plus grande audience qu’il ôte le sel, qu’il ternit le caractère, qu’il donne l’impression de n’avoir aucun parti pris artistique et stylistique ?
En tout cas, les 4 films du dessus manquent d’une qualité que je respecte au plus haut point en cinoche, à savoir la générosité. Privé de ça, au bout d’une demi-heure, je me fous totalement de que Fincher veut me raconter. J’ai l’impression de bouffer dans une brasserie qui sert les plats en vogue du moment sans insuffler quoi que ce soit d’authentique à sa cuistanche. Cela dit, il suffit de voir la bobine du réal pour comprendre instantanément : ce type n’a clairement pas une gueule d’artiste (hashtag DélitDeSaleGueule).
Autant dire que j’abordais avec défiance Alien 3, surtout avec le costard qui est taillé un peu partout au film. Et pourtant…
Des défauts, il y en a. À la louche : l’incruste du xénomorphe est immonde, les personnages ne sont pas attachants une seconde, les enjeux sont un peu bidons, la fin est toute pétée, on ne comprend rien aux histoires de canalisations dans lesquelles ils courent…
Mais Alien 3 est sincère et généreux.
Alien 3 est même un film courageux qui n’hésite pas à supprimer ses acteurs principaux, déjà seconds couteaux, pour ne laisser que des joueurs de division 3, rasés et fagotés tout pareils. On ne sait même plus qui est qui. Il y a de l’hémoglobine partout, ça explose, ça dégueule, ça se découpe, ça se lave pas, ça sur-joue comme il faut, c’est drôle par moments…
Le film est sale, vilain, sautillant, puis jaune, puis bleu, puis orange… Ca n’a ni queue ni tête quand ils courent partout… et ça fait du bien !
Mis en perspective avec les autres épisodes de la franchise, ces taulards violeurs qui tentent désespérément de survivre sous les ordres d’une inconnue sont infiniment plus sympathiques que les ambitions démiurgiques et pseudo-philosophiques de Ridley Scott avec ses 2 préquelles débiles.
Est-ce le trauma d’un tournage compliqué ? La réception critique ? Fincher n’osera jamais revenir à cette simplicité. Sans doute n’était-ce pas assez bien pour lui, la générosité. C’est con. Moi je t’aimais bien comme ça, David…