Quand je me suis relancé (à des fins éducatives) dans la série des Alien, outre le premier que je savais être un chef d’œuvre, je mettais tous mes espoirs dans le Trois. J'en gardais un très bon souvenir et, de plus, c'est un des rares films qui me rattachait à Fincher (du cinéaste, je n'apprécie que les premiers films, jusqu'à Fight Club, avant qu'il ne se prenne pour la réincarnation boursoufflée de Hitchcock).
Mais ça, c'était avant.
Avant de le revoir.
Le point de départ pouvait être sympa, certes, d'autant plus qu'après les errements de Cameron on revenait à ce qui constitue pour moi le principe de la série : un seul monstre, indestructible, face à des humains qui forment son garde-manger. De fait, ce film reprend les fondamentaux, au point que ça frôle le plagiat.
Très vite les défauts apparaissent. D'abord, le film paraît extrêmement vieux esthétiquement. Les choix visuels du cinéaste sont plus que critiquables. Ainsi, cette scène de surimpressions d'images, ou encore la course-poursuite filmée à l'envers, en caméra subjective de l'Alien.
Et puis, Fincher fait visiblement le choix d'accentuer le côté horreur du film, au détriment de la véritable peur. Le sang gicle, des hectolitres d'hémoglobine inondent la pellicule, des crânes sont défoncés, des ventres éclatés... Mais côté émotions, là où Scott avait fait un film sur la peur qui faisait peur, Fincher se contente de croire qu'en montrant du sang, il fera de l'horreur, en espérant pouvoir se passer d'imposer une atmosphère. Et, au passage, il abandonne complètement le côté science-fiction de la série...
Le n'importe quoi scénaristique est de rigueur également. On passe rapidement sur le hasard qui fait de Ripley la seule survivante. On aboutit sur la scène pathétique de la crémation des corps et du discours du prêtre (seul personnage qui aurait pu être intéressant, avec Ripley bien sûr). Un prêtre bien ridicule aussi, à la fin, lorsqu'il continue de parler sans cesse même en se faisant bouffer par le monstre. Et je passe rapidement sur le lieu commun du "discours-de-leader-qui-motive-les-troupes-avec-de-la-trompette-crescendo-en-fond-sonore".
Fincher, visiblement motivé, semble sortir ses références culturelles. Le code-barre m'a fait penser inévitablement à THX1138, par exemple.
Alors, il y a bel et bien une ou deux idées sympa. J'aime beaucoup l'image de la mâchoire de l'Alien près du cou de Ripley.
J'aime bien toute la scène où elle découvre qu'elle abrite un Alien, ainsi que ses conséquences, c'est-à-dire sa volonté d'être suicidée.
Mais tout ça disparaît dans une scène de combat final peu lisible, à travers un dédale de couloirs et de sas, avec la caméra qui bouge dans tous les sens et filme à l'envers.
Du coup, je ne vais peut-être pas revoir Seven, de peur de découvrir que ma mémoire avait surestimé le peu que j'apprécie encore de ce cinéaste.
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