Mon préféré de la saga.
Le film est complètement nihiliste et sans une once d'espoir. Le final apaisant d'Aliens est oublié des les premières notes de musique : Elliot Goldenthal a le génie de niquer la fanfare de la 20th Century Fox sur ses dernières mesures et plonge ainsi à jamais le spectateur dans une sale ambiance, oppressante et imprévisible...
Ensuite, Ripley est dépouillée de sa famille d'adoption en deux-coups-les-gros, on lui rase le crâne et on la plonge dans une prison remplie de violeurs et de meurtriers. Le seul mec un peu gentil du lot, il se fait buter ! Et pour couronner le tout, elle se sait condamnée, car elle a une Reine-Alien en son sein...
Dans ce film, tout est lugubre, rien ne se passe comme prévu et c'est franchement la déprime...
Pas étonnant qu'il ait été massivement rejeté par le public américain !
Je l'ai découvert en salles en 1992. N'ayant pas aimé le un et pas vu le deux je ne m'attendais pas franchement à des étincelles ( Rappelons qu'à l'époque personne ne savait ce qu'était un David Fincher car il n'avait pas réalisé ses chef d'ouvres ultimes que sont Panic Room et Benny Button. ) et pourtant j'ai été transporté. La glauque-attitude, Les scènes de poursuite, la photo ocre et les contre-plongées... m'ont ébahi !
Ensuite, le film propose une vraie réflexion sur la nature du mal et sa représentation.
Le film tel qu'on l'a vu est un patchwork improbable entre la version du scénario proposé par Vincent Ward ( des moines dans une cathédrale de l'espace sans technologie ), avec des idées de David Twohy ( des prisonniers durs à cuir ) greffées lors de multiples remaniements par les producteurs. L'Alien prend dans ce film un revêtement mystique. Il n'y est plus vu par les victimes comme une sale bête, mais comme un dragon increvable, un ange exterminateur. Et comme eux-mêmes sont des malfrats, ça en dit long. C'est d'ailleurs un des défis du film : le fait qu'on ne puisse pas franchement s'attacher aux victimes de l'Alien, puisque personne, absolument personne ne vient symboliser le Bien. Même Ripley elle a tout intérêt à mourir ! On atteint des sommets de noirceur.
Et c'est d'autant plus pertinent qu'au final, c'est bien la fameuse compagnie Weyland Yutani qui occupe la première place du podium en matière de vilenie ! Pas les violeurs-tueurs marqués par l'hérédité, pas le gros monstre assoiffé de sang, mais bien la cupide multinationale !
Très sympa de la part de la Fox, vu les tourments qu'ils ont imposé à David Fincher tout le long de la production. Modifier le scénario au jour le jour, couper les vivres avant la fin du tournage, couper un segment entier au montage, refilmer la fin, allez hop !
Fox / Weyland-Yutani... même combat !
Fincher a fini par jeter l'éponge et renier ce film. C'est bien dommage parce qu'il compte parmi ses meilleurs, et qu'il est mon Alien préféré !
Alors grâce au DVD j'ai pu découvrir l' Assembly Cut, qui contient plein de détails intéressants, notamment une meilleure présentation des lieux, et des personnages secondaires, et tout un segment où ils arrivent a enfermer l'Alien, mais Golic le taré, fasciné par la puissance du Dragon, le libère... Ce qui plonge les survivants dans un état de désespérance absolue ! Je conseille cette version, bien évidemment, mais je dois reconnaitre que j'aimais mieux la naissance de l'Alien dans un Rottweiler plutôt que dans un cadavre de vache...
Et au final, la grosse corporation FOX s'en sort toujours : même la mort de l'héroïne n'a pas empêché la mise-en-chantier d'un quatrième opus de sinistre mémoire...