Les oeuvres cultes ont-elles besoin de suites ou de préquelles? Faut-il que pour chaque force il existe des midichloriens pour assombrir et parfois détruire une mythologie... A quel moment R. Scott a-t-il oublié que le voyage était plus beau que la destination quand l'idée d'expliquer la genèse de son pourtant suffisant Alien, le 8ème passager lui est venue? Que ce soit dit, l'homme reste un grand réalisateur qui aura marqué le cinéma, en particulier dans le domaine de la science-fiction. Le sujet n'est pas ici de remettre en question une carrière mais bien sa volonté étrange de vouloir donner une raison à l'inconnu, une logique au mystère. Hélas, éclairer l'ombre ne provoquera jamais la peur...


Le mauvais et pompeux Prometheus s'essoufflait en 10 minutes, dans Alien: Covenant l'espoir persiste 30 minutes... On retrouve un vaisseau de Colons captant un signal de détresse, nous rappelant vaguement le Nostromo. On passe de 7 membres d'équipage à 15, on redécouvre une femme fragile contrainte à s'endurcir face à la mort et l'adversité, on est confronté une forme de virus s'infiltrant dans les corps afin de faire naître des aliens pas encore au stade final (oui, comme Freezer) qui bouffent les innocents et naïfs explorateurs, les clouant, au passage, sur cette planète finalement pas si accueillante. Ca ne commençait pourtant pas si mal... Mais après, le long et pénible tunnel philosophico-explicatif commence et la réalité nous apparaît bien triste.


Scott refuse de lâcher sa thématique créature-créateur et endort le spectateur dans des discussions dignes des plus sordides comptoirs. Logorrhées s'incarnant en deux androïdes, David et Walter, nous refaisant le coup de la machine qui se rêvait (sur)homme. Pour résumer, on peine vraiment à s'y intéresser, pour être honnête, on s'en fout. Les membres d'équipage qu'il me serait impossible de présenter tant ils sont creux crèvent l'un après l'autre dans l'indifférence générale, la nouvelle "femme forte" à le charisme d'une huître à la dérive et le lointain souvenir d'Ellen Ripley n'en est que plus douloureux. Le pire dans cette volonté de gommer chaque réussite d'une oeuvre culte résidant dans l'explication de l'origine des aliens ou, quand la créature créée crée des créatures pour tuer les créateurs (je schématise à peine)...


On sort de la salle contrarié, se disant que le tocard de devant qui a passé le film à jouer avec son smartphone n'avait peut-être pas tort de s'épargner cela. La saga ne demandait pas d'explications, seul Scott en souhaitait visiblement une. L'inconnu et l'absence de raisons provoquent l'angoisse. Les Aliens se suffisaient en tant que race inconnue et impitoyable. On se moque de connaître leurs origines, on ne veut pas de rationnels dans notre peur. Et puis, franchement, la reine de J. Cameron (Aliens) convenait tout à fait... Le film n'est certes pas un navet, il est pire... Il provoque une indifférence polie, il s'oublie comme il se voit. Alien: Covenant n'est ni bon, ni mauvais, il est juste inutile.

jeds
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le 15 mai 2017

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jeds

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