Un grand classique.
Ridley Scott réussit un tour de force: il introduit un réalisme stupéfiant dans un univers de science fiction. Son futur est matérialiste, mercantile, besogneux et triste. Les décors sont l'élément essentiel de ce réalisme. Ils sont à la fois déprimants et magnifiques ainsi que les éclairages et donc les images.
On a trop souvent vu des réalisateurs en panne d'imagination, chercher le futur dans un passé moyenâgeux. Pas de ça ici! On y croit! On plonge!
...Et tout cela en 1979!
Messieurs les amateurs de numérique, prenez-en de la graine!
Quant au méchant, c'est un des plus réussis jamais réalisés. Certainement parce qu'on ne nous le montre jamais vraiment. Chacun peut compléter ce qu'il ne voit pas en puisant dans ses propres phobies, comme Polanski en a fait la démonstration avec Rosemary's baby.
De plus, il s'agit d'un être protéiforme, qui change au fur et à mesure de ses mues. Il est insaisissable, imprévisible mais toujours terrifiant sous tous ses avatars.
Malheureusement, les films suivants ont brisé ce mystère en nous montrant trop la bête et nous ne pouvons plus aujourd'hui voir ce film avec le même regard.
Le seul point faible, c'est qu'au début on nous enfume avec un langage pseudo scientifique pour nous expliquer des détails techniques qui n'ont pas besoin d'être expliqués.
La réalisation et les mouvements sont lents et contribuent à créer un sentiment d'inexorabilité et d'immuabilité alors que le Nostromo est sensé filer à des vitesses inimaginables.
L'angoisse peut alors s'infiltrer et couler tranquilement.