Sorti un 12 Décembre 1979, le spectateur fan de SF et d’horreur fit la connaissance du premier opus d’une franchise qui bouleversa sa vie de cinéphile. Réalisé par Ridley Scott, ce huis-clos de l’espace intitulé Alien : le huitième passager, nous conte l’histoire d’un équipage d’hommes et de femmes confrontés à la plus effrayante des créatures jamais inventées : le xénomorphe. On prend son courage à deux mains, et on embarque tous en cœur en l’an 2122 à bord du Nostromo où de drôles de péripéties nous attendent. Nous tiendrons bon…il le faut !
Dans l’espace, personne ne vous entend crier…sauf George Clooney
Mystérieux, ingénieux, surprenant, oppressant, hypnotique et captivant, tels sont les adjectifs qualifiant ce tout premier Alien. Dès les premières images, nous tombons dans une atmosphère bien particulière : de l’étrangeté. Musique à peine audible, aucun bruit, sensation de plénitude et de liberté, caméra lente se promenant dans l’espace infini avant d’atterrir à l’intérieur du Nostromo, un cargo interstellaire immense. A l’aide de travelings, nous arpentons les longs couloirs sans fin du vaisseau crasseux et apparemment vide. Le Nostromo semble être en pilotage automatique, autogéré par une intelligence artificielle « maman » qui, vous le verrez, ne sert pas à grand chose. Il faudra quelques plans supplémentaires pour s’apercevoir qu’il y a bien des occupants dans ce vaisseau. Occupants maintenus en sommeil artificiel et réveillés d’urgence par maman. La première partie de notre film se veut opter pour un rythme plutôt lent.
Ce rythme aide à tout mettre en place. Présentation brève des protagonistes sûrs d’eux (avant de les voir changer radicalement par la suite), arrivée sur la planète d’où provient le signal, la découverte d’un vaisseau alien ressemblant fortement à un donut grignoté (tiens, il ressemble à celui de Prometheus), puis rencontre avec l’antagoniste et héros de notre film : une vilaine bestiole « le célèbre facehugger » sortit tout droit d’un œuf verdâtre, gluant et répugnant ressemblant aux œufs des Gremlins. Alien le huitième passager n’est pas un film de science fiction comme les autres. Ridley Scott veut que le spectateur ressente ce que les personnages principaux ressentent. Il veut vous montrer que l’homme n’est pas maitre de son destin, qu’il peut lui arriver de ne pas pouvoir contrôler certaines situations et ce, même s’il a des capacités censées lui permettre de s’en sortir. Mais ce n’est pas tout.
D’emblée, en suivant notre équipage, une sorte de routine s’installe. On partage quelques discussions en mangeant un petit morceau, on rigole, on se dispute. On sait que cette routine va basculer vers l’inattendu. Seulement, on ne sait pas quand. Pour ainsi dire, on ne sait pas nous même ce qu’il va nous arriver. Comment va se passer cette histoire ? Comment allons-nous réagir par rapport à ce qu’il va advenir de notre équipage ? Et surtout comment CET équipage va réagir face à cette confrontation inimaginable ? A partir du moment où nos personnages s’aventureront dans ce vaisseau inconnu, où ils y feront une découverte dépassant tout ce qu’on n’aurait pu imaginer, c’est toute notre histoire qui sera bouleversée. A partir de là, Alien prend un virage violent et n’ira pas de mains mortes avec notre petit cœur fragile. N’oubliez pas que nous sommes dans l’espace et qu’il n’y a que deux issues possibles : se débarrasser de la bête et fuir, ou se faire bouffer.
Haletant et angoissant
Notre minuscule passager clandestin (grand en devenir) qui n’a reçu aucune invitation va semer la zizanie dans le Nostromo. Au revoir l’ambiance paisible et routinière, bonjour la tension, la terreur, les mains moites, la petite odeur de transpiration et le stress à vous faire perdre toute sensibilité de la jambe que vous n’arrêter pas de bouger rapidement depuis quelques secondes. Lumières clignotantes à vous faire faire une crise d’épilepsie, jeu d’ombres, excès de fumées pour accentuer le coté cauchemardesque, tout est installé pour que la menace, rarement montrée mais plutôt ressentie, joue sur la paranoïa et l’effet d’attente (quand apparaitra le xénomorphe et le verra-t-on ?) du spectateur. C’est là qu’on comprend pourquoi le Nostromo possède de si longs couloirs: c’est pour mieux vous flanquer la frousse. Si vous aimez la mythologie Grecque, souvenez-vous de l’histoire de Thésée qui ira dans un labyrinthe pour tuer le minotaure. Transposez ça dans Alien, et le tour est joué. Le Nostromo va vous paraître moins accueillant qu’au départ. D’ailleurs, même notre équipage sera dérouté. Comme s’il perdait complètement ses repères. Ca tombe bien, ça va nous arriver aussi !
Dans notre cargo, dorénavant sombre et inquiétant, l’équipage et nous, évolueront telles des fourmis. Au départ, notre alien est tout petit et plutôt mignon si on met de coté le fait qu’il a quand-même troué le bidon d’un pauvre homme (bon il n’allait pas rester à vie dans son corps) lors de cette séquence culte qui en a traumatisée plus d’un (scène déconseillée aux femmes enceintes). Les heures passent. Pendant que tout l’équipage tente de le retrouver, l’alien fait sa mue comme un serpent, grandit jusqu’à devenir une grosse bêbête de plus de 2mètres, crane allongé ressemblant à une banane épluchée en vue du dessus, bave dégoulinante à flot de son bec, affiche une gueule ressemblant fortement à une agrafeuse, et se faufilant dans les conduits d’aération pour surprendre sa proie. S’en suivra une partie de chasse où le chasseur (les membres du Nostromo) deviendra le chassé.
Cette créature, vous la discernerez, mais rarement vous la verrez en chair et en os. On enchainera soit les plans sur sa longue queue fourchue gigotant (pas pensées déplacées s’il vous plait), soit sur son ombre, soit sur sa vilaine trogne dépourvue d’yeux. Dépourvue d’yeux oui, mais elle se rabat sur d’autres sens extrêmement développés. C’est ce qui fait tout le charme de ce film : une créature qu’on ne voit pas mais dont on ressent la menace perpétuelle. Scott entendra bien faire souffrir ET les membres du Nostromo, ET vous-même. Vous êtes donc aussi la star du film. Elle est pas belle la vie ? Ah et en prime, Ridley Scott ajoute à votre stress quelques retournements de situations pas vraiment là pour arranger les choses.
Alien ne mise pas que sur son ambiance et son esthétisme. Pour que le film soit réussi il faut aussi qu’il inclut un casting d’acteurs et actrices charismatiques. John Hurt, Tom Skeritt, Ian Holm, Yaphet Kotto (alias Laughlin dans Running man), Veronica Cartwright (alias Cassandra Spender dans X Files), Harry Dean Stenton (le concierge et testeur de la chaise électrique dans La ligne verte), que de vraies gueules du cinéma à l’ancienne.
Sort du lot, Sigourney Weaver, interprète de Ripley. Surprise, une première à cette époque : un personnage principal de film d’horreur qui est une femme. Et qu’elle femme ! Ripley, c’est de la femme forte qui en a dans le falzar. Entre autorité, loyauté, froideur, crise de nerfs, fureur et effroi, vous aurez enfin droit à un personnage bad ass intelligent qui sait prendre des décisions logiques (bien qu’il y aura altercation avec les autres ahuris de l’équipage). Plan serrés, plans larges, gros plans, Scott, à l’aide de sa caméra, il capture toutes les émotions de notre « héroïne » au visage ruisselant de peur. C’est là qu’on comprend pourquoi ce personnage est culte et pourquoi on s’y attachera autant. Ripley c’est un personnage qui aura permit de prouver à certains machos que les femmes sont autre chose que de vulgaires objets utilisées dans des films uniquement pour susciter leur plaisir personnel.
« Je ne vous mentirai pas sur vos chances de survie mais... vous avez
ma sympathie ».
Au final, Alien le huitième passager, c’est du mystère, de l’étrange, de l’imprévu, des sueurs froides, de l’horreur, le tout, servi par des effets spéciaux datés mais bons, des décors charmants et soignés jusqu'à la typographie du titre du film représenté sous forme de traits formant petit à petit des lettres, des musiques ténébreuses amplifiant la sensation de peur et d’interrogations, ainsi qu’un casting sympathique. Une œuvre culte importante culturellement parlant, une expérience cinématographique à voir au moins une fois dans sa vie.