La caractéristique première du cinéma américain à gros budget contemporain semble être la nostalgie. Et qu'il est décevant qu'Alien, une série qui a largement démontré sa capacité à se renouveler par le passé, cède à ces travers modernes...
Pour évacuer d'emblée l'évidence : Romulus est un film de fort de belle facture, où le monstre est glorieusement mis en valeur et admirablement filmé. Les séquences d'action sont relevées, réjouissantes, stimulantes. Les deux heures se passent sans temps mort, et avec une belle gestion du stress et de l'écoulement du temps.
Cependant, la très bonne impression laissée par le film lorsqu'il fonctionne sur ses propres termes (y compris le final, d'un mauvais goût impeccable) est gâchée par son besoin incessant de se rabaisser lui-même en nous rappelant d'autres films (certains meilleurs, d'autres moins bons). Entre les citations incessantes (dans les dialogues comme dans la mise en scène), un cameo consternant, un scénario qui ressemble plus à une check-list du bon film Alien qu'à un récit original... L'ensemble a l'air de manquer de confiance. Soit l'équipe est aveuglée par sa propre affection pour ces films qui auront bercé leur enfance (auquel cas, arrêtons d'embaucher des fans), soit ils sont persuadés ne pas pouvoir se mesurer à des œuvres âgées de bientôt cinquante ans (et dans ce cas, qu'ils se prennent trois baffes pour les réveiller, parce que de toute évidence c'est faux).
Humeur mitigée en sortant de la salle, donc. D'une part, plaisir d'avoir vu un film de monstre un peu bête mais très bien fait. D'autre part, agacement devant un énième film qui préfère nous dire « eh, tu reconnais ce machin ? » plutôt que tracer son propre chemin.