Avant de commencer, je tiens à dire que ça va spoiler et que si vous avez aimé Romulus, tant mieux pour vous, chacun ses goûts. Mon avis sur ce film est purement personnel. Étant profondément attaché à la saga originale et souvent déçu par les préquels, j'y suis allé avec appréhension, craignant d'être une fois de plus déçu, mais en espérant être agréablement surpris.
Malheureusement le visionnage a été tout aussi douloureux que poussif !
Vous vous rappelez cette terreur viscérale, ce frisson glacé qui vous parcourait l'échine en regardant Alien, le huitième passager ?
Eh bien, accrochez-vous, parce qu’Alien : Romulus de Fede Álvarez débarque pour nous rappeler à quel point les premiers films étaient bien. Mais passez son film à dire ça n'en fait pas un bon film. Alors préparez vous pour un voyage dans le monde du déjà-vu.
Une histoire... prévisible, mais vraiment
Alien : Romulus, c’est l’histoire d’un groupe d’ados sur une planète nommée Jackson's Star (RIP Michael). Parmi eux, on trouve Rain (oui, parce qu'il pleut tout le temps sur la planète, subtil non ?), une orpheline qui veut s’échapper de cette planète maussade (Hey Disney, merci de recycler le début du film SOLO ou de Rey dans star wars VII, c’était tellement original comme background des persos).
Elle est accompagnée de son androïde, Andy, un modèle défectueux mais attachant. On peut saluer la performance d’acteur, mais honnêtement, cela ressemble plus à un plagiat maladroit du personnage de Solomon dans le film « La Main sur le Berceau » qu’à une inspiration originale (non je ne suis pas de mauvaise foi, voyez ce film et vous me direz).
Y’a qui d’autre ? Ah oui, il y a une belle brochette de stéréotypes ambulants : l’ex petit ami, la sœur enceinte (ouhlala, mais que va-t-il lui arriver ?), le cousin stupide et raciste envers les androïdes, la pilote dont la mort est déjà spoilée dans la bande-annonce et sur les affiches.
Leur mission ? S’échapper de cet enfer, à bord d’un vaisseau fantôme avec des aliens appartenant à la weyland yutani (d’ailleurs quelle compagnie qui fait des recherches à bord d’un vaisseau dans l’espace, puis le laisse dériver dans l’espace sans se rendre sur place quand il y a un pépin ? Pourquoi ? Michel des ressources humaines aurait-il oublié qu'ils avaient un vaisseau là-haut ?!?)
Points positifs : Allez, un pour l'effort
Commençons par le (seul) bon côté : la production design. Oui, visuellement, c'est correct. Les décors, l'éclairage et le design des vaisseaux sont cohérents avec l’univers des premiers Alien (en même temps dure de se planter quand on reprend les équipes et le travail des équipes des premiers films). Mais bon, baser un film entier là-dessus, c’est comme complimenter une pizza brûlée parce que la boîte est jolie. En bref, on a la forme, mais où est le fond ?
Points négatifs ? La liste est longue
La Timeline
Le film se déroule entre Alien 1 et Alien 2, ce qui veut dire qu’on connaît déjà la fin.
Et oui, les aliens vont forcément crever et la Weyland-Yutani ne mettra pas la main dessus, sinon le film Alien 2 n’aurait jamais existé. Par conséquent on perd l’investissement émotionnel et le suspens.
Des ados contre un alien
Disney a sûrement pensé : "Hey, Stranger Things dans l’espace, ça va cartonner !" Eh bien, spoiler alert : NOPE.
L’alien, ressuscité façon Disney
Alors, souvenez-vous de l’alien éjecté de la navette de sauvetage dans le premier film. Vous pensez qu’il est mort ? Ah, que nenni ! Disney a ressuscité l’alien. Comment ? Disney a dû souffler à Fede Álvarez (comme david souffle sur le museau de l’alien dans covenant) l'idée que : “Si Palpatine peut revenir dans star wars, pourquoi l’alien ne pourrait pas ?”. Et voilà, on repart pour un tour !! Et si l’alien du premier opus revient, cela signifie que la reine alien dans Aliens pourrait aussi revenir ! Youpi, encore un film en perspective !
Incohérences en série :
La compagnie va récupérer l'Alien que Ripley a éjecté de la navette de sauvetage dans les débris restants du Nostromo... Attendez, quoi ? Après l'explosion du Nostromo dans le premier film, s'il y avait des débris, ils auraient dû être projetés aux quatre coins de l'espace, façon « Gravity », pas rester gentiment sur place. Et puis, Ripley a quitté le Nostromo dans la navette pour échapper à l'explosion, alors comment l'Alien qu'elle a éjecté de sa navette peut-il se retrouver tout à coup dans les débris du Nostromo ?
Comment ont-ils produit des facehuggers sans reine ? Comment Rook, l’androïde, arrive à se filmer face cam tel un youtubeur ? Pourquoi l'alien qui explose la poitrine de ses victimes a-t-il besoin d'un cocon pour finir sa transformation ? Avant, c’était juste une mue tel un serpent, simple, efficace. Bref, la logique a pris des vacances.
L'androïde du vaisseau, c'est Hash... enfin, pardon, Rook. Mais pourquoi créer un clone de Hash ? Si tous les modèles d'androïdes dans cet univers ont la même tête, dans le premier Alien, ils auraient tout de suite su que c'était un androïde et se seraient méfiés bien avant de découvrir sa vraie nature !
Et pour l'Alien, tout comme le "Newborn Alieno Ingénieur 2.0", la croissance est en mode accéléré ! Tu te retournes 3 secondes et bam, la petite larve de 2 cm devient un monstre de 2 mètres !
L’horreur où es tu ? Tonton pourquoi tu tousses ?
Dans le premier film Alien, on ressentait toute la douleur intense lors de l'explosion de la cage thoracique par le chestburster (l'équipage entier peinait à maîtriser Kane). Maintenant, une seule personne suffit, et notre chère Navarro semble juste avoir une vilaine bronchite plutôt que de souffrir atrocement de la destruction de ses entrailles.
Pourquoi une scène aussi molle ? Et bien c’est pour que l'accouchement de Kay paraisse encore plus horrible à côté ? Mais non, ça ne fonctionne pas ! Voir un bébé sortir d'une coquille de noix n'est pas exactement le summum du body horror !
Le fan service : À consommer avec modération
Alien : Romulus ne se contente pas de faire nous faire des clins d’œil, il nous les martèle avec une masse! Chaque scène est un repompage des anciens films. C’est épuisant ! Quand les nouveaux opus d’une saga se reposent uniquement sur le fan service, c’est qu’elle n'a plus rien à dire !
Tiens, il reste dix minutes avant que le vaisseau ne s’écrase, et si j’allais sauver mon androïde chéri en redescendant dans l’immense cage d’ascenseur jusqu’à un endroit infesté de xénomorphes et de facehuggers ? ». Vous avez compris ? C’est la MÊME SCÈNE que dans Aliens !
Comment peut-on copier-coller à l'identique les plans, les dialogues, les musiques, et même les effets sonores des films de la saga, puis se dire, en tant que réalisateur, qu'on a fait du bon boulot ? Il y a les bruitages, les répliques ("Ne la touche pas..."), les plans bien connus (Rain qui apprend à manier un flingue comme Ripley avec Hicks dans Aliens), et même des références au jeu Alien: Isolation.
Et que dire du retour de Ash Rook, l’androïde au visage d'Ian Holm en deepfake (et là, le mot "fake" est un euphémisme !). Alien 3 avait ramené Bishop (d'une certaine manière), et les prequels nous avaient offert trois Michael Fassbender pour le prix de deux. Mais là, l'omniprésence du méchant robot, utilisé pour dérouler l’intrigue et ses enjeux pendant la moitié du film, va bien au-delà du simple clin d’œil.
Et c’est peut-être ça le vrai problème. Les hommages ne sont pas juste là pour faire plaisir aux fans : ils sont le moteur du scénario et de la mise en scène. Ils dirigent l’action et les personnages, et forment finalement le squelette d'Alien: Romulus, qui semble avoir été construit autour de ces clins d’œil et hommages. Sans eux, tout s'écroule.
Don’t Replay Ripley !
Arrêtez de nous refourguer des copies de Ripley au rabais. Ça ne fonctionne pas. On ne veut pas de sosies, on veut de l'originalité.
Filmer l’alien : Un art perdu ?
Les films de la saga Alien ont établi un moment emblématique : le gros plan sur la tête de l’Alien, avec ses lèvres qui se retroussent pour dévoiler sa dentition, suivi de l’ouverture de sa bouche pour libérer sa seconde mâchoire. Ce plan, utilisé lorsque l'Alien est face à sa proie, intensifie le stress et l'horreur, renforçant l'idée d'une mise à mort inévitable et presque sacrée.
Dans Romulus, Fede Álvarez exploite ce plan jusqu'à l'excès, que l'Alien soit sur le point de tuer sa victime ou qu'il soit à l'autre bout de la pièce, il les entrecoupe avec ce plan de la même manière.
Le problème, c'est que lorsqu'il ne recourt pas à ce cliché, l'Alien – ou même les hordes d'Aliens – perd de son impact, apparaissant presque mollasson. On a l’impression qu’il ne sait tout simplement pas comment les filmer de manière efficace.
Et à en juger par le temps qu'il consacre aux Facehuggers, on se demande s'il ne se sentait pas plus à l'aise en les filmant.
Conclusion : Un film Alien ou une attraction Disney ?
Alien : Romulus ressemble plus à une attraction Disney qu’à un véritable film de la saga Alien. Fede Álvarez a tenté de créer un menu maxi best of de la saga. Un film qui, malgré ses efforts, ne fait que trahir ce qui a rendu la franchise culte. Alors, la prochaine fois qu’on vous promet un retour aux sources, vérifiez d’abord que le scénario n’a pas été écrit sur un coin de table dans un fast-food.
Hollywood et son système de production éculé (La goutte d’acide qui fait déborder le naze) ?
La tendance d'Hollywood à recycler la nostalgie atteint un point de saturation. Indiana Jones, Star Wars, Predator, Jurassic Park, et encore une fois de plus Alien… Revoir un ancien film est un plaisir, mais voir une réplique exacte à l’écran, non ! Je n’ai pas besoin de quelqu’un qui me gueule "Hey ! regarde, c'est la même scène que dans le premier film !". Ce n’est plus un hommage, c’est de la paresse créative. Le problème n’est pas seulement un manque d’originalité. C’est une stratégie délibérée pour exploiter la nostalgie des fans, peu importe la qualité du film.
Pendant ce temps, les histoires originales, celles qui pourraient marquer durablement le cinéma et enrichir la culture, sont reléguées au second plan.
PS : Beetlejuice 2 va sortir, vous pensez vraiment que ce sera différent ?