Mother
SPOILERS A quoi reconnaît-on un vrai grand film ? A son succès critique ? Trop facile. A son succès public ? Trop commode. Au fait qu'il nous a marqué ? Trop subjectif mais la réponse est à chercher...
le 3 mai 2013
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7 ans après avoir terrifié de nombreux spectateurs, la franchise Alien est de retour. Cette fois-ci c’est monsieur James Cameron, grand fan du premier opus d’Alien, et réalisateur d’un certain Terminator, qui est aux commandes de cette suite. Sigourney Weaver reprend son rôle de Ripley, Michael Biehn, Lance Henriksen et Bill Paxton se joignent à elle pour l’accompagner de nouveau sur LV-426. Une colonie humaine a disparue, ça sent le xénomorphe à plein nez, tout du moins, c’est ce que Ripley suspecte et…nous aussi…
Les grosses bêbêtes sont de retour
Succès commercial important, critiques positives, nommé sept fois aux oscars, en remportant deux : Oscar du meilleur son et Oscar des meilleurs effets visuels, Aliens (avec S parce qu’il y en a plusieurs) Le retour c’est l’épisode le plus grandiose de la franchise lancée par Ridley Scott en 1979. Plus musclé, plus profond psychologiquement. Sacré défi de réaliser une suite de Alien. On parle d’une œuvre qui a révolutionnée la science fiction au cinéma. C’était la première fois qu’on créait un monstre à la fois complexe, passionnant et effrayant, le tout créé dans une ambiance claustrophobique à la fois angoissante et oppressante. James Cameron aura eu un sacré culot pour dire « j’écris la suite ».
Pas évident de passer après Ridley Scott, mais Cameron l’a fait, gardant les bases de l’œuvre précédente, tout en y apportant sa touche personnelle. Néanmoins, ce Aliens inverse les rôles : ce sont cette fois les humains qui partent chasser les aliens, l’être synthétique (ou androïde si vous préférez) nommé Bishop est bon, et cette sensation de claustrophobie a nettement diminuée. La tension, les Aliens tapis dans l’ombre, se camouflant dans le décor pour mieux surgir dans le dos de ses futures victimes, répondent de nouveau présents.
Bien que les moyens techniques tels que les effets spéciaux ou l’usage d’animatronique soient un brin primitifs à cotés de ce qu’on nous offre techniquement les films d’aujourd’hui, ce Aliens peut se vanter d’avoir un scénario qu’on peut difficilement égaler. Et ce n’est pas tout, Aliens Le retour peut aussi se vanter d’un autre point important : les rapports entre les personnages. La tension entre soldats, la complicité Ripley/Hicks, la tension Ripley/Bishop (la jeune femme étant devenue méfiante à l’égard des androïdes), le développement de la relation Ripley/Newt (histoire de prolonger la thématique de l’amour maternel aperçue dans Alien 1).
Relation d’autant plus touchante lorsque l’on repense à cette scène où Ripley apprend que sa fille est morte à l’âge de 66 ans (cf, une des scènes de la version longue). A partir de là, on comprend pourquoi la jeune femme souffrant de cette perte transfère son désir de maternité sur Newt. Aliens, une tragédie ? Qui l’aurait cru. La thématique de la maternité s’applique également aux Aliens puisque James Cameron a eu l’idée de créer leur mère. Et oui, il fallait bien que cette histoire d’œufs vienne de quelque part. Enfin un réalisateur intelligent, enfin une suite ne tombant pas dans la facilité en faisant du copier/coller du volet original.
Qu'est ce qu'on fait si une bestiole nous fonce dessus, on lui crache à la gueule ?
Exit le film jouant sur la paranoïa (quoique...), place à un Alien se la jouant guerre du Vietnam dans l’espace. Pour agrémenter le tout, voici ce que vous propose au menu ce Aliens :
• Du marines bien macho aux muscles saillants,
• Des gros flingues modernes décorés de façon à leur donner un aspect futuriste (lance-flamme, fusil à pompe, fusil à impulsion, Pulse rifle M41 A ou fusil d’assaut à impulsion et refroidissement par air avec lance grenades à pompe),
• de l’exosquelette pouvant soulever plus de 60kg (robot de manutention nommé Power Loader),
• De l’androïde,
• Une gamine attachante,
• Des xénormorphes,
• Une maman Alien pas très commode,
• et au milieu de tout ça, une Ripley traumatisée mais bien remontée.
Si vous avez aimé l’ambiance sale, glauque et futuriste du premier Alien ainsi que du premier Terminator, à coup sûr, Aliens Le retour vous plaira. Une preuve que sans être fana de science fiction, on peut l’apprécier. Esthétiquement, le film date, et pourtant, il pourrait presque se vanter d’être bien mieux foutu que les films d’aujourd’hui. Utilisation habile de fumée, d’éclairage, histoire nous laisser entrevoir de manière crédible les effroyables xénomorphes/facehuggers apparaissant de partout quand on ne les attend pas. Ca plus la multiplication de scènes cultes (la scène du couteau, la scène dans la salle d’opération où nos survivants sont encerclés par un nombre incalculable de xénomorphes), le design des armes et équipement des marines, et tout ce que j’énumèrerai par la suite, je confirme, Aliens a gagné mon cœur de cinéphile.
Je lisais un peu partout que les déplacements des xénomorphes étaient rigides, peu fluides, lents, ce qui leur faisait perdre toute crédibilité. Je ne suis pas d’accord, je trouve au contraire que tout colle. D’ailleurs, jongler entre animatronique et acteurs déguisés est plutôt astucieux. On l’avait déjà vu dans Alien 1. La différence c’est que les moyens techniques étaient moins sophistiqués. Là, le budget est bien plus conséquent, permettant d’avoir plus de liberté et de concrétiser les idées de départ. Autre point intéressant : le casting. Comme pour Alien, cette suite comporte de vraies gueules du cinéma accompagnant une Sigourney Weaver sublime remplie de justesse :
• Lance Henriksen (l’ Inspecteur Hal Vukovich dans Terminator),
• le cool/le bad ass et sympathique Michael Biehn (alias Kyle Reese dans Terminator),
• Le roi des rigolos et roi du juron ayant du mal à garder son sang froid, Bill Paxton (le chef des punks dans Terminator, Simon dans True Lies),
• Paul Reiser en avocat ami ou ennemi (on ne sait pas et c’est ce qui est plaisant),
• Ce petit bout de femme, véritable garçon manqué au caractère fort campé par Jenette Goldstein (oui, la belle mère de John Connor dans Terminator 2),
• L’adorable, l’intelligente et brave Carrie Henn interprétant Newt, une des seuls gamines de films de science fiction/fantastique qu’on a pas envie d’étriper.
Parmi tout ce casting, certains noms ressortent et vont sans doute vous donner un sentiment de déjà vu. Biehn, Paxton, Henriksen, Goldenstein, Cameron ne recyclerait-il pas ses acteurs ? Ils sont charismatiques et jouent des rôles complètement différents. Pourquoi ce plaindre ?
Du James Cameron dans toute sa splendeur
Aliens Le retour, est similaire à une autre franchise : Predator, sorti 1 an après Aliens 2. Leur point commun : la guerre du Vietnam. A l’époque du tournage d’Aliens, la guerre du Vietnam était encore gravée dans la mémoire des Américains. Comme pour Predator, ce Aliens 2 s’inspire du traumatisme vécut par ses soldats envoyés sur le front. Comme dans la vie réelle, les soldats durs et indisciplinés d’Aliens (et Predator) débarquent très confiants sur le futur champ de bataille, persuadés que la victoire leur est déjà acquise. Et pourtant, sur les lieux, c’est une toute autre réaction qu’ils auront. Monde inconnu, confrontation à des ennemis qui, malgré leur infériorité d’un point de vue technologique sont d’une brutalité et une détermination sans égale. De plus, ils sont en surnombre comparé au groupe débarqué sur le terrain. La peur s’installe chez chacun. Comment s’en sortiront-ils ? Par ailleurs, on pourrait aussi parler de Ripley qui, comme un vétéran traumatisé, retourne sur le champ de bataille pour exorciser ses démons. Vous l’aurez compris, James Cameron a compris qu’il était capital de développer le personnage de Ripley.
Vous êtes fan de la filmographie de James Cameron ? Dans son Aliens, tout ce qui faisait le charme des films du réalisateur sont là. Tout ce qui le fascine, tout ce qui l’a prit à cœur, on le récupère : les machines, l’artillerie lourde, les multinationales faites d’employés fous n’éprouvant aucun remords ce qui les mènera à leur propre perte (Cyberdyne Systems et Weyland-Yutani : même combat), jusqu’à son héroïne forte, au caractère bien trempé (Ripley descendante de Sarah Connor ?). Autant vous dire que si le travail de James Cameron vous plait, Aliens sera votre cadeau de noël avant l’heure.
Au final, Aliens Le retour, c’est une grosse baffe. Ce film a tout. De l’action, de l’humour, de la tragédie, des personnages attachants, de l’horreur, du suspense, de l’angoisse, une intrigue correctement développée, que vous regardiez la version cinéma de 86 ou la version longue de 92, c’est plus de 2heures de fun, plus de 2 heures à stresser pour nos protagonistes, plus de 2heures à nous attacher à eux. Ne perdez pas votre temps à regarder les fausses préquelles d’Aliens, films de science fiction sympas mais véritables souillures des œuvres originales, la quadriologie Alien, y a que ça de vrai.
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Créée
le 3 juin 2017
Critique lue 217 fois
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