Mother
SPOILERS A quoi reconnaît-on un vrai grand film ? A son succès critique ? Trop facile. A son succès public ? Trop commode. Au fait qu'il nous a marqué ? Trop subjectif mais la réponse est à chercher...
le 3 mai 2013
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Avec pour tout budget des queues de radis, James Cameron venait de nous livrer son Terminator, prouvant au monde entier qu'on peut être une série B ET un film d'auteur. Intéressée par le jeune talent, la Fox demande un entretien au cours duquel est évoquée l'idée vague et brumeuse de donner une suite à Alien, succès pas si lointain de la firme sur lequel elle compte capitaliser ( on est dans les années 80, hein... )
Quelques mois plus tard, il relève le défi, affronte une équipe anglaise hostile et, épaulé par sa femme Gale Ann Hurd à la prod, et une poignée de potes en acteurs ( Michael Biehn, Lance Henricksen et Bill Paxton étaient tous trois dans Terminator ) il réalise non seulement une digne suite, mais un film qui torche le fion de l'original à tous points de vues !
Finis les longs plans à la "je-sais-pas-comment-faire-peur-alors-je-me-dis-que-si-j'attends-assez-longtemps-le public-aura-peur-de-son-propre-gré " et les chats qui sortent d'improbables placards. James Cameron va se servir d'une peur littéralement viscérale qu'on doit avoir des Aliens, et de leur cycle de reproduction pour concocter de vrais scènes de tension et de frissons dans le dos. Il y a même un plan ou le chat lui même fait peur, et ce, sans sortir d'un placard !
Déjà, il se paye le luxe de ne rien montrer pendant une heure ( sauf un rêve de Chest-Burster, et un aussi face-hugger dans la version longue ) et use de ce qu'il sait faire le mieux en tant que scénariste : la préparation. Tous les développements thématiques ( l'excès de confiance en la technologie, les rapports familiaux interrompus dans la violence, la cupidité des fils-de-putes de grosses compagnies ) sont répertoriés, pour ne pas dire étalés dans la première heure, avant d'être fermement exploités une fois l'enfer déchainé.
L'enfer, c'est cette scène où les marines se prennent une sévère branlée, pivot du film. Elle est tellement bien amenée ( ce plan incroyable où l'Alien se décolle du mur pour attaquer ! ) et tellement choquante ( du sang partout, des cris, 2/3 du casting qui dégage... ) que James n'aura même plus à systématiquement montrer les Aliens pour qu'on se chie dessus. Le simple bruit du radar, et Bill Paxton qui compte les mètres ça suffit.
( Et pour ceux qui ont eu le plaisir de jouer à AvP, ce bruit caractéristique est toujours un déclencheur de décharges d'adrénaline ! )
Ensuite, tandis que de nouveaux enjeux sont posés ( rappeler une navette du vaisseau en orbite pour sortir de ce trou à rats et NUKER tout ça ) les enjeux thématiques précédemment cités entre parenthèse vont se déployer. Ripley va se prendre d'une affection toute maternelle pour Newt, Hicks va être le bon papa-protecteur et leur sauver la vie quand le fils-de-pute de Burke les enferme dans le dortoir avec deux face-huggers !
Cette scène est pour moi la plus grande réussite du film. Le face-hugger me fait encore plus peur que 37 Aliens sous viagra. Et James joue de ce qu'on a appris du bestiau dans le 1 pour le mettre en scène magistralement. On sait pas où il est, on l'entend, il bondit, on lui coince la queue, il revient à la charge, il s'accroche ! Et tout ça, je le répète, en étant fidèle à ses thèmes.
C'est là la première grande force de Cameron : sa capacité à écrire un truc solidement construit tout en faisant en sorte que ce qu'il a à en dire transparaisse à l'écran. La deuxième ? Mener une équipe technique comme une armée au front, ne rien accepter qui ne soit pas ce qu'il voulait, se servir de tous les outils à sa disposition pour raconter au mieux ce qui se trouvait derrière ses pupilles lors de l'écriture...
Et là, on est servi. Dans la dernière partie du film, Ripley trouve la Reine-Alien, monstre animatronique gigantesque parfaitement maitrisé, éclairé et filmé sous tous les angles possibles. Je dis bien, ceux qui sont possibles... Car à l'époque il était vital d'avoir ce qu'on voulait à l'écran sur le plateau. Mais avec sa science du cadre et du découpage, James parvient à faire comme si la Reine était là et qu'il n'y avait bel et bien qu'une seule façon de la filmer ! L'affrontement final, assemblage de miniatures super-élaborées et de prises de vues réelles, et sans égal aujourd'hui. Même pas l'attaque du T-Rex de Jurassic Park.
Voilà les raisons qui font qu'Aliens est le meilleur des quatre. Mais il n'est pas mon préféré !
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Créée
le 29 sept. 2011
Critique lue 777 fois
13 j'aime
2 commentaires
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