Si les critiques et les fans ont accueilli Alien VS Predator assez durement malgré ses réelles qualités à mon sens, le succès commercial est bien là et la suite teasée à sa fin voit nécessairement le jour avec en son centre la promesse d’un Predalien en liberté sur Terre et d’un Predator lancé à sa poursuite. Superviseurs d’effets spéciaux de métier et ayant fait leurs armes sur des productions hollywoodiennes abouties comme le Jour d’Après ou 300, les frères Strauss sont chargés de la réalisation de cette suite attendue au tournant alors qu’elle souffre d’un budget amoindri et du retrait de talents créatifs historiques. Autant le dire d’emblée, il n’y aura pas de miracle, mais voyons si on peut tout de même en sauver quelque-chose.
RÉALISATION / ESTHÉTISME : ★★★★☆☆☆☆☆☆
Si les moyens sont moindres que pour le premier AVP, avec 40 millions de dollars plutôt que 60, on reste sur un film appelant une réalisation un minimum soignée qui n’a pas d’excuse si elle est médiocre. Or, si tout n’est pas à jeter, on a un gros problème qui gâche tout. L’éclairage, ou plutôt son absence, nuit beaucoup à la chorégraphie des combats et au potentiel photographique de certains plans, et c’est vraiment dommage car ce potentiel existe bel et bien du fait de costumes et effets visuels plutôt réussis et de cadrages leur donnant une place imposante à l’écran.
Mais comment veux-tu apprécier ce travail quand tu n’y vois rien la plupart du temps ! Et les noirs ne sont même pas bien rendus avec un travail de bonne facture sur les couleurs qui en ressortent, c’est vraiment du travail d’amateur parfaitement indigne d’un blockbuster de ce calibre-là. A partir de là, il devient difficile d’apprécier quoique ce soit concernant la réalisation, non pas que de toute façon il y avait grand-chose à apprécier dans ce travail très brouillon dans l’ensemble, mais je suis sûr qu’avec un éclairage correct on pourrait en dire que ce n’est pas si mauvais que ça.
Par exemple, le fouet en forme de queue d’Alien est une arme assez ingénieuse pour la franchise tout en épousant pleinement le concept de mêler les 2 sagas, le double canon à l’épaule devenant canon simple à une main après quelques dégâts contraint intelligemment le Predator à utiliser d’autres armes en complément sans que ça paraisse idiot de sa part... mais ces quelques bonnes idées de mise en scène égarées sont bien maigres, bien en-dessous du travail de Paul W.S Anderson sur le précédent film, sans même oser comparer aux illustres aînés.
Pour le côté horrifique, le film multiplie les scènes de tension qui la plupart du temps n’aboutissent sur rien du tout alors que le jumpscare arrive de manière aléatoire et souvent en étant un peu mollasson, c’est vraiment fait sans aucun talent. Par contre, le film s’autorise des scènes d’une violence parfaitement inouïe, femmes enceintes, enfants, jolis filles… personne n’est à l’abri de se faire déchiquetée dans d’atroces souffrances sous nos yeux. Sur le principe, étant donné l’univers, je préfère un choix aussi radical qu’une violence édulcorée pour le grand public même si ça ne suffira jamais à faire oublier tous les défauts précédemment évoqués.
Et ce ne sont pas non plus les musiques ou les bruitages qui vont faire mieux, se contentant d’un fan-service tout juste acceptable. Ce travail brouillon dans son ensemble et catastrophique sur un point essentiel gâchant les quelques qualités qui auraient pu en émarger par accident ne porte malheureusement pas que sur la réalisation et l’esthétisme.
SCENARIO / NARRATION : ★★★★☆☆☆☆☆☆
Si l’on passe les incohérences majeures issues du final du premier AVP, il y en a tout de même de nouvelles qui s’y ajoutent dès les premières minutes pour les éléments perturbateurs les plus importants de l’histoire, avec le Predator ouvrant le feu sur la coque du vaisseau dans lequel il se trouve, personne qui ne semble avoir vu ou entendu l’énorme vaisseau s’écraser dans la forêt, un seul Predator envoyé pour une menace aussi importante alors qu’ils étaient 3 et des dizaines en réserve pour une menace beaucoup plus légère et contrôlée dans le premier film…
Et ça continue comme ça tout du long même si quelques idées sont correctes comme la confirmation par ce film que les masques des Predators enregistrent et transmettent ce qu’ils voient, ce qui est parfaitement cohérent avec certains détails de Predator 2. Le teasing final, à savoir la capture d’un canon à plasma Predator par une industrielle liée au passé de Weyland-Yutani, est aussi maladroit en termes de production que terriblement inefficace tant il ne promet rien et totalement incohérent avec l’absence de cette technologie dans les films Alien, un échec total.
Si le film prend le temps de filmer le quotidien des habitants locaux avant que les Aliens ne les envahissent, cela ne mène à aucun propos critique vraiment clair malgré la présence de SDF s’abritant dans des égouts, d’un délinquant sorti de prison… des sous-intrigues sans intérêt ne menant strictement nulle part, des personnages inutiles qui rejoignent le casting avant de le quitter brusquement sans rien avoir apporté… ce n’est pas tant la faute de tous ces acteurs méconnus ou du nombre exagéré de personnages que du script simplement mal écrit.
On peut au moins se consoler en constatant qu’ils n’ont pas commis d’infamie concernant les créatures qui se comportent à peu près comme elles doivent se comporter d’après l’univers déjà bien établi dans les films précédents. Ça aurait pu être pire à ce niveau-là, mais la non prise de risque des scénaristes à se limiter à des affrontements entre les créatures et à réduire autant que possible les interactions non violentes entre les humains et les Predators a au moins eu ce mérite. Il faut savoir se contenter de peu avec ce genre de production.
Et tant que je suis dans les quelques points positifs à souligner, je dirais que la plupart des acteurs principaux ont pris tout ça au sérieux et jouent à peu près correctement malgré la très faible qualité de leurs répliques même si seul John Ortiz aura l’opportunité de nous montrer davantage ses talents dans d’autres films, la plupart des autres acteurs ayant très peu d’autres rôles intéressants dans leur carrière. Bref, j’ai beau cherché, je vois pas beaucoup de choses à sauver donc passons à la conclusion.
CONCLUSION : ★★★★☆☆☆☆☆☆
Entre son écriture de très mauvaise qualité, ses multiples incohérences, son éclairage catastrophique… les quelques qualités du film peinent à se remarquer et Alien VS Predator Requiem constitue pour moi le premier réel échec de la saga, élargie aux Aliens et aux Predators, et son entrée dans une longue période de purges différentes les unes des autres mais liées par le désintérêt et parfois le dégoût que je peux en avoir. De toute façon, quand on en vient à regretter le travail de Paul W.S Anderson dans une franchise, c’est qu’il y a un gros problème.