Faut pas juger avant d'avoir vu ...
Ce soir, j'ai vu un film. Ce soir, pour être exact, j'ai revu un film pour être sûr que mes yeux et mon détecteur de daube n'étaient pas en grève. Puisque tu es un gros malin et que tu as lu le titre de ce billet, tu as compris que je parle de chucky la poupée de sang, et que je suis le premier étonné de ce que j'en pense.
Alien Vs Predator Requiem c'est l'histoire d'un predalien (un alien qui a parasité un predator) qui s'échappe d'un vaisseau predator. C'est l'histoire d'un predator qui va chercher à venger son frère d'armes. C'est l'histoire d'une petite ville se trouvant entre les deux monstres sacrés. C'est l'histoire d'un massacre en règle ...
Je parie ma couille droite que c'est de la merde
Après avoir vu le premier film AvP, c'est à peu de choses près l'état d'esprit dans lequel j'ai entamé ma séance. En grand fan des deux univers cinématographiques, des adaptations en jeu vidéo (en FPS ou en beat'em all) ou des comics (pas tous excellents soit dit en passant), je me suis attardé sur les énormes défauts de ce cross-over.
Le point le plus choquant est la reproduction des aliens: du facehuggers à l'alien qui te bouffe la gueule, il y'a ... une mesure de temps tellement courte qu'elle n'est même pas respectée au cours du film. Les premiers mettent quelques heures pour grandir, les derniers sont adultes et refont l'intérieur d'un hôpital en moins de trente minutes. Couplé aux facehuggers qui se ballade sur des kilomètres et survivent dans la forêt pendant plus d'une nuit, y'a de quoi se tirer les cheveux.
L'autre point incohérent est l'attitude du predator: des fois il efface les traces des corps comme si son passage devait rester inconnu, des fois il prend le temps de pendre et d'écorcher un humain, et de le laisser en "évidence". Mais ce n'est pas tout. Il est aussi lunatique dans ses actions vis à vis des humains: des fois il tue des humains sans armes, des fois non, des fois il les sauve, des fois il les capture sans les tuer ... son comportement varie entre l'effaceur, le vengeur et le chasseur ; c'est vraiment une catastrophe scénaristique.
Pour la partie technique, il faut regarder du coté du réalisateur qui a eu l'idée saugrenue de tourner son film avec un drap noir devant sa caméra. Le film est tellement sombre qu'il est dur de voir quoi que ce soit d'une part, mais le talent derrière la caméra étant aux abonnés absents de l'autre, la moindre de scène de baston est extrêmement mal retranscrite, plutôt illisible et ne fais pas honneur aux deux poids lourds de la culture fantastique.
Un dernier point à souligner: l'idée de mettre un background teenage movie/grand public pour les humains n'était pas celle à retenir. Placer des humains lambda qui crient comme dans scream et des ados de 25 ans (j'adore le cinéma ricain pour ça) qui se cherchent des noises pour une fille privent le film d'un troisième protagoniste de choix, à savoir une bonne troupe de soldat brutos.
Il y'a d'autres détails, comme le sang acide de l'alien qui ne blesse quasiment personne alors qu'il gicle bien souvent, les tronches de cake des acteurs, la maigreur de la blonde qui montre son cul, la scène de fin absconse... mais là est l'essentiel des griefs nécessaires pour qualifier ce film de cataclysme sur pellicule.
Bha alors ? C'est de la merde en barre ou pas ?
Et bien justement, c'est là le souci. En dépit des énormes défauts, ce film possède des qualités.
Tout d'abord, le predator est le héros du film. Il est énervé, il a des grosses balloches, et quiconque se dressera sur son chemin va les lui lécher sous peine d'éclatement de cervelle au laser. Autre point le concernant: quand il trouve le cadavre de son congénère, il va prendre un de ses lasers d'épaule (dans la version US uncut, dispo en bonus sur le BR en france) ... un truc tout bête pour faire passer le sentiment de vengeance qui l'anime, j'ai bien aimé, tout comme les nombreux changements de vision pour expliciter ce qu'il fait..
Les aliens ensuite. Leur prolifération ultra rapide permet d'en avoir une nuée, et donc de se retrouver avec la même situation que dans aliens de Cameron. Le film sera bourrin et fera la part belle au massacre, c'est une bonne chose. D'ailleurs, cette prolifération accélérée donne le rythme du film: tout se passe vite, du pur action movie sans réflexion, c'est aussi une bonne chose.
Les humains, tout faibles qu'ils sont, vont très vite être armés comme des porcs ; et même si ils n'ont jamais fait de paintball, ils vont tirer au M-16 comme des pros ... la deuxième partie est orientée survival et rattrape assez bien l'idiotie du terrain choisi, aidé en cela par le code couleur (du noir et rien que du noir ... quel dommage qu'il en ait abusé).
Pour finir, les scènes de baston. Il y'en a plein, le predator se coltine deux aliens sur le paletot sans souci, il leurs explose la carcasse sans vergogne. Il a gagné un nouvelle arme (un fouet sympa), et le son donne toute la puissance des chocs entre les bestiaux. Les humains ne sont pas en reste et font gicler de la tripe d'alien plus souvent qu'à leur tour. Et pour ceux qui se demandent si les aliens ne sont que de la chair à canon, il faut souligner qu'ils ne se privent pas pour tuer homme, femme et enfant (pas en vrai plan, putin de censure américaine à la con).
En détail tout bête, la scène de fin est sympa pour les fans, et uniquement pour eux (il faut bien ouvrir les oreilles et avoir de la mémoire pour la comprendre): le clin d'œil fait au background d'alien est plaisant comme le crâne d'alien dans le vaisseau predator à la fin de predator 2.
Au final, cet AvP requiem mérite mieux que d'être trainé dans la boue. Entre potes, avec une belle image (je préconise la version bluray) et du bon son (y'a vraiment un bon boulot là dessus) à disposition, des pizzas et de la binouze, c'est le parfait compagnon d'une soirée ciné sans prise de chou. Un bon film de série B donc.