On la savait fan inconditionnelle, on n’attendait pas un tel hommage. Valérie Lemercier s’offre, pour son sixième long-métrage, la réalisation et le scénario (co-écrit avec Brigitte Buc) d’un film consacré à la vie de Céline Dion. Déjouant la structure attendue du «biopic-oscarisé», Aline se veut un savant mélange entre vérité et fantasmes. Décalé et inattendu… mais est-ce suffisant?


Le couple «Dieu» élève ses treize enfants dans une petite bourgade à quelques kilomètres de Montréal. Sur la sellette, arrive un quatorzième enfant prénommé Aline. Le titre de Christophe remplace l’anecdote véridique de la «Céline» de Hugues Aufray, anachronique puisque le titre sort en 1966 alors que Céline a en réalité 11 ans. Très vite, les capacités vocales de la petite dernière font mouche. Le weekend, la fillette se produit dans le bistrot familial. Les clients se pressent pour entendre la voix d’or de cette gamine qui rêve de devenir une star, et qui tapisse sa chambre d’affiches de ses idoles. Aline possède cette voix qu’elle ne travaille jamais: un diamant brut, un don de «Dieu». Très entourée et soutenue par sa famille, celle-ci ne veut pas en faire une bête de foire qui reprendrait les tubes. A l’unisson, ils décident de lui écrire sa propre chanson. Sur un coup de tête, son grand frère envoie une maquette à un certain Guy-Claude (Sylvain Marcel) producteur montréalais qui vient d’être lâché par Ginette Reno, sa vedette de l’époque. La suite, nous la connaissons tous….


Un décalage bienvenu


Dans la structure, rien de bien innovant. Le film s’ouvre sur une séquence où la star se fait muse. Mise en abîme de la star au sommet, protégée d’une paire de lunettes aux verres teintés, casque sur les oreilles, allongée avec ses jumeaux dans un lit drapé de blanc. Le calme après la tempête. Le récit bascule alors sur la rencontre des parents d’Aline.


La proposition de Lemercier casse les codes dans la partie consacrée à l’enfance de la star québécoise. Plutôt que de renforcer l’illusion fictionnelle, le visage de Valérie Lemercier est superposé sur le corps d’enfant de la petite Aline. Un décalage drôle et bien trouvé qui évite de plonger le récit dans une partition mièvre et convenue de l’enfance «pure», comme pour rappeler au spectateur que le film ne prend pas l’exercice trop au sérieux. Un encart est d’ailleurs présent au tout début du film: il ne s’agit pas du récit de la vie de Céline Dion mais bien d’une fiction qui s’en inspire. Si cela peut paraître dérisoire à certains yeux, cela a tout de même le mérite d’exhiber le décalage. Un film hommage avec certaines libertés plutôt qu’un biopic qu’il faudrait scanner au détecteur de mensonge.


Un film émotionnel… mais répétitif


Il ne faudrait pourtant pas éluder le travail entrepris par les interprètes. Le film offre une pléthore de séquences dédiées aux apparitions télévisées et aux concerts de la chanteuse. Par exemple, sa seconde apparition en France prend pour cadre l’émission «Champs Elysées». Intronisée par Michel Drucker, elle porte un costume reproduit à l’identique, comme le sont les paroles prononcées par le présentateur. Ou encore l’anecdote racontée en 1998 sur l’arrêt cardiaque de René Angélil dans un talk-show canadien.


Ces moments mimétiques sont d’ailleurs le talon d’Achille du film. Anecdotiques et souvent superflus, ils s’insèrent dans le film comme des scénettes et font oublier la distance et la liberté que Lemercier revendiquait avec son sujet. On remarque tout de même que ces séquences sont une mise en abyme de ce que deviendra le quotidien de la star québécoise à partir des années 2000. Extérieure au monde, elle se métamorphose en bête de scène au sens propre en signant un contrat au Caesars Palace, où elle se produira des milliers de fois à un rythme effréné.


La suite : https://leregardlibre.com/cinema/aline-le-biopic-en-trompe-loeil/

Pangloss91
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le 19 nov. 2021

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