Adaptation en prises de vue réelles du manga Gunnm créé par Yukito Kishiro, Robert Rodriguez et James Cameron en personne vous propose de faire un bon en 2563 dans la ville d'Iron City où un Docteur spécialiste en rafistolage de robots découvre les restes d'une jeune cyborg. L’univers cyberpunk vous manquait ? Alita : Battle Angel risque bien de vous combler de joie, non sans avoir quelques défauts.
Retour en grande pompe du cyberpunk
L’adaptation française du manga culte Nicky Larson, maintenant l’adaptation américaine de Gunm, en ce début d’année 2019, on en mange du manga live. Et ce n’est pas plus mal, une occasion en or pour les non initiés de découvrir les versions originales ayant servi de support aux réalisateurs de leur revisite avec de vrais acteurs. Si vous avez aimé l’adaptation live de Ghost In the Shell, Alita Battle Angel devrait pleinement vous satisfaire. Mais attention, cette adaptation exploitant mieux son concept que le moyennement frustrant Ghost In the shell, a des défauts lui portant préjudices.
Des premières minutes trop précipitées ne prenant pas le soin de développer/présenter convenablement ses personnages principaux, une suite trainant en longueur, une fin beaucoup plus passionnante, Alita souffre d’un rythme mal équilibré. A cause de ça, le scénario pourtant brillant, se penche trop souvent dans la facilité, survolant rapidement certains points importants de l’histoire qui auraient dû êtres mieux argumentés.
D’autres parts, Alita : Battle Angel, on lui reproche son manque d’émotions malgré leurs présences (faute donc d’un mauvais développement psychologique des personnages), et surtout, son manque de violence. Blockbuster oblige, nous sommes une nouvelle fois face à une œuvre calibrée pour les adolescents et les adultes. Oui on a du cyborg découpé, du cyborg à la tête écrabouillée, du cyborg démembré, ça manque quand même d’hémoglobine. L’apparition de quelques Mecha à l’esthétisme mi-Robocop/mi-Terminator, et le look typiquement Japonais Cyberpunk de ses différents êtres mécaniques nous fait toutefois oublié ce coté édulcoré.
A quoi tu rêves petit ange ?
Quand Robert Rodriguez faisait du James Cameron
Etrange de voir que l'ambiance et les idées visuelles/accessoires d'Alita : Battle Angel nous donnent la sensation de naviguer dans une œuvre de James Cameron qui aurait décidé de changer son style par un style manga. Ajoutez à cela le décor rappelant typiquement Johannesbourg en version futuriste, lieu de prédilection d’un certain Neil Blomkamp. Ca déstabilise, forcément. Quoiqu’il en soit, cette adaptation live de Gunnm est bardée de bonnes intentions.
Le spectacle, l'émotion, l’empathie vis-à-vis de l’héroïne, la fascination sont au rendez-vous et malgré ces quelques longueurs, force est de constater que ce genre de film nous manquait. Comme Nicky Larson et le parfum de Cupidon, on sent le film fait avec le cœur, cherchant à satisfaire fan et nouveaux venus. Ne connaissant pas cette fois le manga d'origine, ne pouvant donc pas dire s’il y a fidélité ou pas du matériau d’origine, j'ai apprécié.
Apprécié le visuel de toute beauté (Bill Pope comme directeur de photo, soit l’homme responsable entre autre de Matrix) mixant style américain et style Japonais comme l’avait réussi Ghost in the shell, apprécié l'univers ultra détaillé et bien expliqué, apprécié l’expressivité de son héroïne touchante au cœur pur qui, derrière ses airs de poupée mécanique innocente et mignonne avec ses gros yeux expressifs donnant l’impression d’avoir été crée à partir d’une œuvre de Walter Keane, se cache une cyborg bad ass aux allures de guerrière Japonaise sortie tout droit d’un manga. Cependant, ça manque de moments épiques. Pour un film de ce calibre, pour une héroïne dont l’âme de battante ne la fait jamais renoncer, ça casse le mythe.
Alors que le trop plein d’effets spéciaux pourra gêner par moments, notamment lors des séquences fun de Motorball, sport futuriste rappelant le Rollerball, on se demandait, en vue de la bande annonce si l’histoire d’amour entre Alita et un humain allait nous gâcher une bonne partie du film. Heureusement pour vous les cœurs de pierre allergiques aux Twilight et cie, la romance, mièvre avouons-le, ne gâchera pas le bon déroulement de notre intrigue. Une romance justifiée, utile à l’évolution de notre héroïne. Je reste toujours aussi sensible aux histoires répondant à cette question : un humain peut-il aimer un robot ? Ou inversement. Robert Rodriguez a réussi son coup, j’ai véritablement envie de plonger dans le manga d’origine.
Je ne reste pas passive en présence du mal.
Au final, Alita : Battle Angel, c’est un fait, il a plein de défauts. Pourtant, il captive par la beauté de son visuel, fascine de par l’évolution de son héroïne amnésique se questionnant sur son passé et sa place parmi humains et cyborgs, touche grâce à sa relation père adoptif/fille rappelant un peu l’histoire de Pinocchio. Rajoutez à cela des tonnes de scènes d’action jouissives avec des robots au design faisant saliver, une motion capture de grande qualité, un univers cyberpunk riche truffé de détails dont raffolent les fans du genre, des musiques bien foutues (et parfois épiques, c’est vrai), des dialogues poignants, pour une nouvelle histoire de robot plus humain que les humains. Et une nouvelle adaptation réussie de manga sauce ricaine !