Le film est avant tout pensé pour les États-Unis. On retrouve du coup des défauts assez agaçants comme une ville-décharge où la vie est insupportable qui devient un endroit bucolique où des jeunes s'échangent un écouteur au détour d'une rue, des teenagers qui font du roller et plusieurs intrigues du manga maladroitement rushés qui génèrent du coup des "plot holes". C'est un peu le syndrome Dragon Ball sans toutefois être aussi extrême dans le traitement. Cela se retrouve dans titre du film (Alita plutôt que Gunnm) aux acteurs qui, comme dans Ghost in the Shell, se retrouvent être (quasiment) tous blancs/américains (alors qu'au début on nous explique que toute l'humanité s'est retrouvé à "Iron City")... Tout ceci m'a complément fait sortir du film personnellement. Je ne regardait pas un film de SF, mais une adaptation d'une excellente licence de SF.
Mais on voit que de toute façon ça devient compliqué pour une licence SF de proposer un post-apo crédible en reprenant des pratiques de mises en scène et en donnant les rôles uniquement à des acteurs qu'on a tous vu dans une unique sphère d'influence cinmétographique. De manière absurde, c'est comme si un seul type de cinéma s'était retrouvé dans un bunker pour jouer dans le film après l'apocalypse. Cela appauvrit beaucoup l'expérience et la créativité.
On peut réfléchir aussi politiquement aux raisons de l’embellissement d'Iron City. Aux États-Unis, tant que la société est libre, même si l'État est défaillant/absent cela reste un excellent modèle de société (libéralisme). D'où l'incapacité à représenté ce type de société comme pouvant être profondément injuste (alors qu'au Japon l'État est beaucoup plus présent et qui est un thème régulier de la SF japonaise par ailleurs). Il y aussi sans doute un ensemble de modification qui sont dû au langage cinématographique qui justifie (contraint ?) celle-ci comme le degré de violence ou l'intégration de personnages (les teenagers) qui pourraient traduire une stratégie marketing de public-cible de la licence (et limite de fait le processus créatif). Vu le coût élevé du film et le (relativement) faible rayonnement de la licence, cela peut sembler "logique" que des décisions en ce sens aient été prises. Ce qui me fait dire que si Gunnm veut être un jour bien adapté, ça sera sans doute plutôt avec un budget (un format ?) et un producteur plus modeste, ce qui laissera plus de place au éléments-clés de l'oeuvre, qui ne peut être de toute façon facilement intégrée dans la "culture de masse" via le blockbuster, vu qu'elle en fait fondamentalement la critique...